Le marché financier ne participe toujours pas au financement de l'économie nationale. Celle-ci, étant toujours en transition depuis plus d'une décennie, a besoin de ce marché qui, au préalable, doit afficher davantage de dynamisme et de transparence. Or, l'économie algérienne est, jusque-là, fondée sur l'endettement à travers des crédits bancaires qui répondent aux besoins de financement des entreprises. Il est, de ce fait, grand temps pour que l'Algérie se dote d'un marché financier dynamique, transparent et moderne. Si ces conditions ne sont pas réunies, estime M. Smaïl Nordine, président de la Commission de surveillance des opérations boursières (Cosob), le basculement de l'économie administrée vers celle de marché risque de durer encore longtemps. Une chose est certaine, les responsables concernés ont devant eux un délai de deux ans pour redresser la barre et faire sortir la Bourse d'Alger de son hibernation. Est-il faisable ? Le défi pourrait-il être relevé ? M. Smaïl ne cache pas son optimisme. “Tous les ingrédients sont rassemblés. Aujourd'hui, l'environnement du secteur bancaire et financier est plus ouvert et modernisé. Ce paramètre va nous aider à réaliser notre objectif de développer un véritable marché financier en retard en comparaison à nos voisins et aux pays émergents”, affirme-t-il. Un plan de réformes a été donc arrêté suite à un diagnostic peu encourageant, établi par les experts sur la Bourse d'Alger. À partir de ce constat peu reluisant, les autorités compétentes ont ouvert plusieurs chantiers. De prime abord, il est question de soigner l'image de marque de ce marché secondaire, discrédité, à juste titre d'ailleurs, par tout le monde. De gros efforts en termes de marketing et de communication doivent être ainsi consentis dans ce sens, par les cadres, investis de cette mission de développement et de modernisation de la Bourse. M. Smaïl reconnaît qu'à son lancement en 1999, la Bourse d'Alger n'a pas été dotée de tous les moyens nécessaires à son développement. “Sa création était un peu en avance par rapport à la modernisation du secteur bancaire”, observe-t-il. Cette phrase confirme ce qui a été avancé il y a déjà une dizaine d'années par les observateurs très au fait de la chose économique. Certains parmi eux l'ont même interprété de manière ironique. “Dans cette affaire, on a placé la charrue avant les bœufs.” Il a fallu attendre toute une décennie pour se rendre compte que la démarche suivie n'était pas idoine. Un important intérêt est, en outre, accordé pour la professionnalisation des Intermédiaires en opérations de Bourse (IOB). Un volume d'échanges faible de 82 milliards de dinars seulement “Il est très important pour que l'environnement de la Bourse soit professionnel”, précise M. Smaïl. À ce propos, le président de la Cosob relève qu'à ce jour, il y a des métiers à forte valeur ajoutée qui ne sont pas encore exercés par les intermédiaires agréés par la commission tels que l'accompagnement des entreprises, le management, la négociation pour comptes clientèle… voire tout ce qui concerne la “corporate finance”. L'autre chantier dans lequel se sont lancés ces responsables a trait à l'émission des titres. “Il faut qu'il y ait un programme transparent de privatisations. Il faut également répondre à la nouvelle demande de financement qui nous vient des groupes privés, de la PME/PMI et même de l'Etat et des collectivités locales”, a indiqué hier Nordine Smaïl, lors de son passage à la radio Chaîne III. Les deux ans fixés comme délai pour la concrétisation de ces réformes seront, en fait, répartis en deux phases. La première consiste, selon M. Smaïl, en une évaluation de ce qui a été réalisé et de définir un schéma organisationnel pour le marché financier tout en identifiant la place à lui réserver dans l'environnement économique et financier du pays. Viendra ensuite la deuxième étape de la réalisation de ce qui a été conçu et envisagé. Cette période, qui va durer 18 mois, sera consacrée à la mise en place des divers systèmes modernes, à l'accompagnement des entreprises et leur préparation pour leur entrée en Bourse. La Cosob s'attelle aussi à réorganiser les compartiments au sein de la Bourse d'Alger en créant celui dédié à la PME/PMI, un deuxième pour les entreprises de moyenne taille et un autre au profit des “grosses” sociétés. Toutefois, il est enregistré un encours des Obligations assimilables du Trésor (OAT) à la Bourse. En février 2008, il y a eu l'introduction de 15 OAT de 5 ans, 7 ans et de 15 ans. Actuellement, il est recensé 16 OAT, soit une valeur de 154 milliards de dinars. À cela, il y a lieu d'ajouter l'encours des obligations corporatives des entreprises cotées à la Bourse d'Alger de l'ordre de 82 milliards de dinars, soit 4 obligations à savoir Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Télécom et deux autres actions. “Le volume des échanges est très faible. Il est constaté un problème de liquidités au sein de la Bourse d'Alger”, souligne M. Smaïl. Pour lui, le marché obligataire en vogue en ce moment au sein des entreprises ne va pas bloquer celui (marché) des actions. Car, argue-t-il, les attentes des entreprises algériennes, c'est de pouvoir disposer de fonds frais, donc des capitaux à long terme afin de procéder à des augmentations de capital et concrétiser leur vente de ce dernier (capital) par le biais de la Bourse. Ces deux marchés, note-t-il, sont, au contraire complémentaires.