Les partisans de la fronde anti-Benflis, téléguidés à partir d'El-Mouradia, cherchent manifestement à changer de fusil d'épaule. Leur échec patent après les attaques contre certaines mouhafadhas y est pour beaucoup dans ce qui ressemble à un changement de stratégie. Exit désormais les actions de violence qui ont valu à leurs auteurs comme à leurs inspirateurs une condamnation sans réserve de la classe politique qui a du coup manifesté son soutien à Ali Benflis. Désormais, place aux actions plus “réfléchies” avec pour finalité l'organisation d'un congrès parallèle ou carrément la mise sur pied d'un FLN bis. Un scénario qui n'est pas nouveau dans la mesure où il a été déjà mis en œuvre au moment où Abdelhamid Mehri avait tenté de soustraire l'appareil du FLN à la tutelle de la présidence de la République, alors occupée par Liamine Zeroual. La wilaya de Blida qui représente une sorte de première ligne dans la bataille visant à la récupération du FLN est déjà passée à l'action. Des animateurs ont créé une commission de wilaya provisoire, laquelle est chargée d'organiser une assemblée générale des militants et aussi l'élection d'un nouveau mouhafedh qui soit acquis à leur cause. Les animateurs de cette commission, apparemment sûrs de leur bon droit, ont même organisé une rencontre avec la presse au siège de Nadi El-Moudjahid, à Blida. Pour eux, il s'agit d'empêcher “la déviation d'Ali Benflis, lors du VIIIe congrès”. Affirmant qu'ils ont la caution des députés, des élus locaux et des secrétaires de kasma et “la majorité des militants de la wilaya de Blida”, les dissidents jurent qu'“ils ne baisseront pas les bras jusqu'à la récupération du parti, le départ de l'actuel secrétaire général et l'organisation d'un autre congrès selon des règles démocratiques”. La même démarche semble être empruntée par les contestataires de Constantine qui ont organisé jeudi un conclave régional. Une plate-forme de revendications a sanctionné ce regroupement auquel auraient participé, selon notre correspondant à Constantine, pas moins de 12 wilayas de l'est du pays. Les participants salueront, à l'occasion, “la prise de conscience dont ont fait preuve les militants dans plusieurs mouhafadhas” et affichent leur satisfaction quant à “l'élan de mobilisation qui jalonnera leurs actions pour dénoncer les résultats du VIIIe congrès”. Pour les organisateurs de la rencontre régionale, les attaques contre les mouhafadhas seraient même l'œuvre de l'actuelle direction. Les contestataires qui se réjouissent de voir la presse relayer leurs actions se trouvent sur la même longueur d'onde quant à leur objectif : obtenir l'organisation du VIIIe congrès. De par cette “démonstration de force”, les animateurs de la contestation, dont les comités de soutien au programme de Bouteflika et l'UNJA, tentent de rendre visible une dissidence jusque-là latente dans les wilayas de l'Est où l'actuel secrétaire général du FLN n'a sûrement pas de souci à se faire. Le tout est de savoir maintenant jusqu'où ce deuxième assaut, après les attaques contre les mouhafadhas, peut aller. Connaissant la roublardise et le sens de la manœuvre qui animent les animateurs de la dissidence, des dinosaures du parti, il n'est pas exclu que cette tentative visant à créer un FLN bis, celui des exclus et des recalés du VIIIe congrès, puisse encore susciter quelques turbulences internes au sein de l'ex-parti unique. Mais le silence de Ali Benflis peut aussi témoigner de sa sérénité face aux assauts des “mouches du coche”. Correspondants / N. S.