Le rêve est donc un langage, mais dont les signes sont des symboles : autrement dit, des signes qui fonctionnent dans un sens second, qui demandent à être interprétés. Mais avant de songer à interpréter les symboles du rêve, il convient d'aborder la classification des rêves, car c'est de la classification de la matière onirique que dépend son interprétation. La tradition musulmane, que nous avons évoquée ici, a cette particulière de traiter de tous les aspects du rêve, de l'envisager dans toutes ses dimensions. Les classifications des rêves le montrent, en distinguant non un état du rêve, mais plusieurs dans lesquelles les rêves prennent des significations différentes. La classification la plus courante définit trois types de rêves : le rêve confus, inspiré par les désirs et les passions de l'âme, les rêves inspirés par le démon qui cherche à détourner l'âme de la religion, les rêves véridiques faits par l'âme libérée de l'emprise des sens. C'est ce genre de rêve qui donne accès aux connaissances supérieures et permet à l'homme de réaliser tous ses désirs. Dans la tradition musulmane encore, les rêves confus sont inspirés par Satan alors que les rêves véridiques sont inspirés par un Ange appelé Sadiqun, c'est-à-dire «authentique, vrai». Les femmes et les hommes pieux font des rêves véridiques, mais il arrive que le Diable, pour les tenter, leur inspire des rêves confus ; la différence avec les autres, c'est que ces tentatives de déstabilisation sont vite perçues, le saint parvenant à déjouer les embûches du Malin ; l'homme ordinaire, s'il a la foi, peut également se libérer de l'emprise de Satan. La tradition musulmane recommande, avant de s'endormir, de faire les ablutions rituelles, parce que Satan ne s'approche pas des gens purs.