Les gardiens de la révolution ont menacé de recourir à la force contre les manifestants, après l'appel du candidat battu Mir Hossein Moussavi à ses partisans pour qu'ils continuent de protester contre le résultat officiel de la présidentielle du 12 juin dernier. Pas de changements, le jeu est fait : le Conseil des gardiens n'annulera pas les résultats de la présidentielle. La mise en garde de la milice du régime des ayatollahs a été lancée alors que Téhéran venait de connaître sa nuit la plus calme depuis l'annonce du résultat de la présidentielle qui a, officiellement, consacré la réélection d'Ahmadinejad. Malgré l'avertissement des pasdarans, un millier de partisans de Moussavi se sont encore rassemblés sur la place Haft-e Tir, dans le centre de la capitale en portant des bougies noires et des rubans verts, couleur qui symbolisait le camp de Moussavi pendant la campagne électorale. Autre signe de durcissement du régime, un responsable du Parlement iranien, Ali Shahrokhi, a estimé qu'il y avait assez d'éléments pour traduire Mirhossein Moussavi en justice. Ce responsable, qui préside la commission de la justice au Majlis, a préconisé la fermeté face à de tels agissements criminels : les appels de Moussavi à organiser des manifestations “illégales et ses provocations”. Les autorités iraniennes ont accusé de nouveau les puissances occidentales de soutenir les manifestations de rue et n'excluent pas d'expulser les ambassadeurs de pays de l'UE. Le Foreign Office a annoncé que la Grande-Bretagne évacuait les familles du personnel de son ambassade en Iran. À Rome, le ministère italien des Affaires étrangères a indiqué que l'Italie était prête à ouvrir son ambassade à Téhéran à des manifestants blessés, cela en coordination avec d'autres pays européens. Cette annonce fait suite à l'initiative de la Suède, pays qui doit assumer la présidence européenne à partir du 1er juillet, d'inviter les Vingt-Sept à mettre en place une action coordonnée pour ouvrir leurs ambassades aux manifestants. Selon la télévision publique iranienne, 10 personnes ont été tuées et plus de 100 autres blessées samedi à Téhéran, lors de manifestations organisées malgré l'interdiction qui avait été faite de descendre dans la rue. Les autorités rejettent toute accusation de fraude électorale, mais un porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, chargé d'examiner les plaintes déposées par les candidats battus, a reconnu que dans un certain nombre de circonscriptions, le nombre total des voix exprimées dépassait celui des électeurs inscrits. D'après les premières informations, 50 villes ont connu un tel problème, a déclaré le porte-parole du Conseil des gardiens, Abbasali Kadkhodai. Des inspecteurs vont se saisir du problème, a-t-il assuré. Sur les réseaux sociaux d'Internet, des Iraniens ont appelé ces dernières heures à observer un deuil à la mémoire de Neda, une jeune femme tuée par balle samedi. La vidéo montrant sa mort est en boucle sur le Net. Les pays arabes pro-occidentaux qui voient d'un mauvais œil l'expansionnisme de l'Iran se réjouissent par certains côtés du spectacle des violentes manifestations contre la réélection d'Ahmadinejad, tout en craignant une possible propagation des troubles chez eux. Seuls les Emirats arabes unis (EAU) ont rompu le silence pour juger toute ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de leur voisin iranien. Nombre d'autres pays du Golfe partagent l'inquiétude d'un Iran déstabilisé, ils entretiennent des rapports étroits avec ce pays chiite. Contrairement à l'Arabie Saoudite par exemple, dont les médias ont amplement couvert les troubles à Téhéran, reproduisant en une des photos de manifestants ensanglantés. La chaîne panarabe Al Arabia a diffusé en boucle des sujets sur l'actualité politique en Iran. Des analystes relèvent que les événements d'Iran risquent d'avoir des conséquences imprévisibles pour les gouvernements sunnites de la région, piliers de la politique économique et militaire des Etats-Unis au Proche-Orient. L'Arabie Saoudite, dont le régime dépend du soutien de Washington, qui craint aussi que l'Iran ne soit réhabilité par Washington s'il autorise un contrôle international de son programme nucléaire, se frotte les mains avec le haussement de ton d'Obama à l'égard de Téhéran.