Lors de sa tournée africaine qui devait le conduire en Egypte, au Nigeria, en Namibie et en Angola, le président russe Dimitri Medvedev a évoqué la situation au Proche-Orient, mardi au Caire, à l'issue d'un entretien avec son homologue égyptien. “Nous suivons avec une attention toute particulière les questions proche-orientales”, a-t-il déclaré avant d'annoncer la tenue à Moscou, avant la fin de l'année, d'une conférence internationale.“La Conférence de Moscou sur le Proche-Orient” contribuera à “l'établissement d'un climat de confiance pour la coopération dans la région”, a-t-il précisé. L'idée a été unanimement saluée, même si du côté israélien et du côté palestinien on veut y mettre des conditions de principe. Ainsi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, lui-même d'origine russe, y oppose comme unique condition que ne soient pas invités le Hamas et le Hezbollah. Pour sa part, Yasser Abed Rabbo, proche conseiller du président de l'Autorité palestinienne, s'est dit favorable à l'idée russe à condition, toutefois, qu'avant la tenue de la conférence, il y ait “des améliorations concrètes”. La Russie fait partie du quartet de négociateurs pour le Proche-Orient, qui compte également les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies, mais c'est la seule des quatre à entretenir un dialogue avec le Hamas palestinien qui contrôle la bande de Gaza, les pays occidentaux l'ayant classé comme organisation terroriste. Depuis l'arrivée au pouvoir de Netanyahu en Israël, le Kremlin s'est montré discret sur la question proche-orientale, laissant l'initiative au président américain et à son Administration. Le président Obama a nommé un envoyé spécial, l'ancien sénateur George Mitchell, rompu aux techniques de la négociation et qui connaît parfaitement le dossier. Il a également défini les conditions minimales qui permettraient une reprise rapide entre Israéliens et Palestiniens, à savoir le respect par les deux parties des engagements pris antérieurement, notamment depuis le lancement du processus d'Annapolis, l'acceptation par Israël du principe d'un Etat palestinien viable et le gel complet de la colonisation en Cisjordanie. L'attitude du gouvernement israélien, qui a mis longtemps avant d'accepter, du bout des lèvres, l'idée d'un Etat palestinien à souveraineté limitée et qui a rejeté les autres conditions, a progressivement transformé le dialogue et les relations entre Washington et Tel-Aviv en bras de fer. Si jusqu'ici les pressions exercées sur Israël par le président Obama et son administration se sont limitées à leur aspect discursif, les choses ont évolué depuis jeudi. Avec le refus de George Mitchell de se rendre à Paris pour y rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu, considérant que la discussion avec lui aurait été inutile au vu de son attitude, on peut considérer qu'on enregistre le premier passage à l'acte américain. La manifestation de la Russie, qui annonce son implication concrète dans le traitement du dossier, à ce moment précis, est éminemment positive. Mais il faudrait aussi que l'Union européenne, et tout particulièrement des pays comme la France et l'Allemagne, s'impliquent davantage et fassent pression à leur tour sur Tel-Aviv pour prêter main forte à Washington qui tente de le faire fléchir avec, faut-il le préciser, une détermination qui mérite d'être soulignée. Il est fondamental que toutes les composantes du quartet s'impliquent et œuvrent dans la même direction pour sortir du face à face inédit entre Israël et les Etats-Unis et faire sentir aux autorités de l'Etat hébreu que c'est toute la communauté internationale qui l'invite à s'engager sincèrement dans le processus de paix.