M. Paolo Lembo est loin d'être un homme seul face à son destin. Les messages affluent de partout à son bureau, y compris en provenance des diplomates algériens qui travaillent au siège de l'ONU et dans de nombreuses organisations internationales. L'administrateur du PNUD à New York s'apprête à saisir par lettre le ministère algérien des A.E. sur cette affaire à travers le représentant permanent, M. Baâli. Sur un autre plan, il assure M. Paolo Lembo de son plein soutien en le remerciant pour le travail “exemplaire” qu'il a fait, notamment au lendemain du séisme du 21 mai. De son côté, le Parlement européen, qui a reçu dernièrement le président Bouteflika lequel s'est épanché sur “la volonté de l'Algérie à s'ouvrir sur l'étranger”, s'apprête à envoyer une motion de soutien à M. Paolo Lembo. C'est dire qu'en Europe comme à New York, M. Lembo n'est pas du tout lâché. On lui a même promis une autre mission d'égale importance dans un autre pays. En effet, ce diplomate, qui s'apprête à quitter l'Algérie, travaille depuis 20 ans à l'ONU. Il a exercé, successivement, en Azerbaïdjan, au Tadjikistan et en Afghanistan avant de rallier Alger en 2001. Selon certaines informations, tout le monde est choqué au sein de l'administration de l'ONU par la fameuse lettre demandant le départ de M. Lembo. “On n'a pas calculé le risque que cette décision pourrait avoir sur l'image de l'Algérie, personne ne viendra désormais ici !”, confie une source proche des milieux diplomatiques ayant requis l'anonymat. H. M. À New York, c'est l'embarras Avec le départ confirmé de M. Paolo Lembo à la fin du mois, il y a tout lieu de s'interroger sur l'avenir de l'action du PNUD en Algérie, et par-delà, tout le système des Nations unies. Etant une première dans les annales diplomatiques internationales qu'un chef de mission onusienne soit congédié par son pays d'accueil, l'affaire risque de faire tache huile. Déjà que l'Algérie a du mal à reprendre sa place dans le concert des nations, le renvoi de M. Lembo apportera, à n'en pas douter, de l'eau au moulin de ceux qui dénigrent l'Algérie. Deux solutions se présentent : soit le PNUD décide carrément de geler sa mission, avec tout ce que cela suppose comme annulation de tous les projets engagés ou en voie de l'être. Soit, l'administration de cet organisme opte pour des chefs de mission temporaire, c'est-à-dire dont la mission ne saurait dépasser trois ou quatre mois. Dans les deux cas de figure, l'activité du PNUD en Algérie connaîtra certainement un frein dans la mesure où elle rencontre des résistances, explique-t-on dans les milieux initiés. Mais en Algérie, les autorités ne semblent pas avoir mesuré la gravité de cet incident ni ses retombées sur les rapports du pays avec le PNUD et plus généralement avec l'ONU.