Encouragé, voire précipité par le réchauffement climatique qui se confirme presque “à vue d'œil”, en cette première décennie du millénaire, le marché des climatiseurs vit un véritable boom, jamais ateint jusque-là. Cet appareil électroménager n'est pas encore à la porté de toutes les bourses, mais ce qui est certain, c'est qu'il perd, à grand pas et à coup sûr, son statut d'équipement de luxe. Avec l'antenne parabolique accrochée sur la façade, au balcon rarement utilisé sinon détourné de sa vocation, ou sur le toit, la bâche d'eau posée sur la terrasse, dans la cour, ou même devant chez soi si l'on ne dispose pas d'espace, le climatiseur s'insère désormais et de plus en plus, comme élément caractéristique de l'architecture de l'habitat typiquement algérien. Dans les années 70 et même 80, à Mostaganem, à l'instar de toutes les autres cités côtières, constamment balayées par la fraîcheur marine, on pouvait compter sur le bout des doigts les bâtisses, généralement des structures en préfabriqué, qui en étaient équipées. Aujourd'hui, le climatiseur a “poussé” l'isotherme de la fraîcheur jusqu'au rivage méditerranéen. Le recours au climatiseur pour rendre “habitable” des bâtisses ou des cabanons de Petit-Port ou à la Salamandre, tant chantée pour sa brise marine “glaciale” en été ! Un usage qui relevait de l'insensé, il y a à peine quelques décennies pas très lointaines ! Chez soi ou dans les administrations, les supérettes ou les magasins, les kiosques multiservices et même dans les usines, la revanche contre l'étouffement se décrète partout ! Ainsi, le climatiseur se démocratise et son marché offre une vaste gamme d'appareils, au point de susciter l'embarras du choix. Du côté de design et qualité, la révolution est également certaine. Pour ces gros cubes lourds et bruyants, suspendus aux murs des bâtisses administratives des années 80, c'est fini ! L'électromécanique a fondamentalement été révolutionnée par l'électronique et la miniaturisation. Tout en gagnant en performance, le climatiseur est devenu plus “mignon” et plus discret. La fraîcheur “artificielle” ne semble plus être l'apanage d'une minorité de privilégiés. La canicule presque constante à longueur d'année, conjuguée à l'inondation du marché local par la foule d'importateurs, s'est traduite par un engouement “populaire” particulier. Après le téléviseur, le réfrigérateur, la parabole et le démodulateur qui a fêté sa période de gloire durant les année 90, il ne restait que le “clima” pour reprendre le jargon en vogue, pour parachever le confort électroménager de l'Algérien. Une tentation, qui frôle la nécessitée, suscitée par la concurrence acerbe que vit ce commerce, et qui contraint les revendeurs à miser sur les prix, et à offrir les multiples avantages destinés à stimuler les ventes, à l'instar de la cession à crédit, le payement fractionné par mensualités, ou en assurant un service après-vente sérieux et indéfectible. Cette “explosion” de la demande, contenue sans aucune peine, peut-être même provoquée, du moins stimulée par la surabondance, par l'offre, semble avoir mis dans l'embarras l'auguste entreprise nationale Sonelgaz. À la pollution marine, puis la pompe immergée pour l'irrigation agricole, le climatiseur est venu renforcer la batterie de prétextes justifiant les chutes de tension et les coupures, quasi quotidiennes, du courant électrique. M. O. T.