Existe-t-il une crise entre l'Algérie et le Maroc ? Assurément non, selon le ministre algérien des affaires étrangères, lequel, dans une interview accordée au quotidien londonien arabophone Asharq al awsat, affirme qu'entre Alger et Rabat, les relations sont tout ce qu'il y a d'ordinaires comme le montrent les contacts fréquents entre les deux parties, y compris entre le président Bouteflika et le roi Mohammed VI. Faisant le point sur les derniers développements sur la scène mondiale, dont le dernier sommet des pays non-alignés, le chef de la diplomatie algérienne a également parlé des rapports algéro-marocains, qu'il a qualifiés de réguliers dans la mesure où les échanges entre les responsables des deux pays existent de façon permanente. Pour argumenter, il citera à titre d'exemple la régularité des contacts entre Abdelaziz Bouteflika et Mohammed VI, dont le dernier en date remonte à la semaine écoulée. En effet, en réponse à la question de savoir s'il pourrait avoir des relations normales entre les pays et non saisonnières, Medelci dira qu'elles sont “ordinaires” et qu'il n'y avait aucun problème. Par ailleurs, interrogé sur la question de la fermeture de la frontière entre l'Algérie et le Maroc, le ministre des affaires étrangères dira que cette question n'empêche pas l'existence de relations entre Rabat et Alger comme c'est le cas avec tous les autres pays. “À partir de là, sa réouverture nécessite une sécurisation des deux côtés”, soulignera-t-il. Quant à la question du Sahara occidental, le ministre algérien affirmera qu'elle n'a aucun rapport avec l'affaire des frontières. Dans le même ordre d'idées, il déclarera que “le communiqué final du mouvement des non-alignés sur le conflit sahraoui réaffirme le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental sur la base des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et de l'initiative du secrétaire général des Nations unies. L'Algérie ne ménage aucun effort pour que l'on aboutisse à cette solution”. Pour en revenir au sommet des non-alignés, il estimera qu'il a permis d'établir une vision claire dans de nombreuses questions, notamment la crise économique et la manière avec laquelle il faut la traiter. Il rappellera que le président Bouteflika avait fait référence à la réforme de l'ONU, la lutte contre le terrorisme, le dialogue entre les religions et les civilisations, et l'appui à l'enracinement de la démocratie, qu'il a discuté avec ses pairs au cours de cette réunion. Au sujet du Moyen-Orient et la question palestinienne, Mourad Medelci affirmera que le fait qu'une résolution spéciale lui a été consacrée, montre que les deux tiers des pays de la planète en font une priorité, et pas seulement les pays arabes. Il précisera que le contexte actuel est favorable, particulièrement après le discours de Barack Obama insistant sur la solution à deux Etats. Le ministre reviendra sur la lutte contre le terrorisme pour souligner que “l'Algérie est disposée à éclaircir autant que possible la vision pour les autres pays, tout en poussant à la mise en place d'un front de combat de manière intelligente et totale ne s'appuyant pas uniquement sur l'usage de la force”. Il y a lieu de noter que le chef de la diplomatie algérienne a mis l'accent sur le soutien clair des non-alignés à l'Iran dans sa volonté d'acquérir l'énergie nucléaire à des fins civiles, tout en indiquant que s'il y a d'autres objectifs inavoués, l'Algérie ne se sentira pas engagée, à l'instar des pays membres du mouvement, qui ont insisté sur la nature de l'usage qui doit en être fait. Enfin, Mourad Medelci expliquera que la récente visite du président Bouteflika n'entrait pas dans le cadre d'une quelconque tentative de renouer le dialogue à cause de la candidature de Mohamed Bedjaoui à la présidence de l'Unesco contre le candidat égyptien, car le dossier avait été réglé bien avant, mais fait partie de la concertation permanente entre Alger et Le Caire. Merzak Tigrine