Huit blessés ont été recensés, dont un grièvement, alors qu'un délégué et six jeunes ont été arrêtés par la police. La ville d'Azazga a connu, hier, une des plus belles manifestations du mouvement citoyen : une grandiose marche durant laquelle des APC ont été fermées. Une marche qui n'a connu d'incidents — malgré l'impressionnant dispositif répressif — qu'une fois arrivée au niveau de la daïra, lorsque des manifestants s'apprêtaient à fermer le siège. C'est une véritable démonstration de force que les délégués de l'arch d'Ath Ghobri ont eu à opérer au chef-lieu de la daïra d'Azazga, tant sur le plan mobilisation que sur le plan maîtrise de la foule. En effet, beaucoup de jeunes ont voulu, à maintes reprises, attaquer les nombreux CNS qui ont formé des cordons pour empêcher la foule d'avancer vers le siège de l'APC — derrière eux “Moustache” (chasse-neige) —, ainsi que ceux postés sur le toit du tribunal et devant le siège de la daïra. Tôt dans la matinée, les comités de villages ont d'abord procédé à la fermeture des deux APC de Yakouren et d'Ifigha. Les délégués, aidés par la population, ont enchaîné et cadenassé les portails sans qu'un quelconque incident soit signalé. Le rendez-vous au chef-lieu de la daïra d'Azazga était donné à 10h, à hauteur de l'ex-station des fourgons et la population, était très nombreuse à avoir répondu favorablement à l'appel, l'on pouvait constater la présence, en force, du 3e âge, au premier carré. La foule était donc importante à avoir démarré la marche, importante au point que le cordon des CNS ainsi que “Moustache” ont été acculés trois fois par la marée humaine. La première fois, au niveau de l'APC d'Azazga. Le dispositif antiémeute a dû faire marche arrière pour laisser place à un sit-in populaire devant le siège municipal, où des prises de parole de délégués ont été improvisées, pendant que des cadenas étaient placés sur le portail de l'APC et qu'une délégation de fils de chahid, d'anciens maquisards, de sages des villages et de délégués s'était rendue chez le chef de daïra pour exiger de lui la fermeture du siège. Celui-ci a répondu négativement : “Si vous tentez de fermer la daïra, ce sera l'affrontement.” C'est ce qui est arrivé. La masse populaire qui a eu, encore une fois, à repousser le dispositif antiémeute, en scandant : “Pacifique ! pacifique !”, “Pouvoir assassin” et “C'est leur patrie, libérez-les”, a pu atteindre le siège de la daïra. À peine est-elle arrivée, que les bombes lacrymogènes ont commencé à pleuvoir sur la foule, tirées sans distinction et à bout portant. Il était difficile de supporter l'effet de gaz, les vieux qui se trouvaient devant, suffoquant, ont eu tout le mal du monde à fuir. Huit blessés ont été recensés, dont un grièvement a été transféré à l'hôpital de Tizi Ouzou, alors qu'un délégué, Ahmed Boussayer, et six jeunes ont été arrêtés par la police. Les jeunes qui, jusque-là, ont contrôlé leur colère, n'en pouvaient plus et c'est avec des pierres et autres projectiles qu'ils ont riposté. Les affrontements ont alors démarré pour ne s'arrêter que dans la soirée d'hier. Toute la ville a été barricadée par les émeutiers qui ont même utilisé une benne à ordures pour fermer tous les accès menant à Azazga, au moment où la police, qui avait toléré la fermeture de l'APC, a profité de la dispersion de la foule pour enlever les chaînes cadenassées, aidée par les CNS. C'est alors qu'un meeting a été improvisé par les délégués à l'endroit où la marche avait démarré pour appeler à une grève illimitée jusqu'au départ du chef de daïra, car c'est lui qui a donné l'ordre de tirer. Les délégués ont appelé à la sagesse et à l'union, tout en rappelant la mise en quarantaine des élus illégitimes, relais locaux du pouvoir. K. S.