Le roi incontesté et incontestable de la chanson raï Khaled a revisité, le temps d'un concert de deux heures, ses plus grands succès. Un voyage permanent entre le présent et le passé, entre la tradition et la modernité, entre hier et aujourd'hui. Khaled, au sommet de son art, a conquis l'esplanade de Riadh El-Feth. S'il ne devait y avoir qu'un seul style pour représenter la musique algérienne, ce serait le raï ; si cette musique ne devait avoir qu'un seul ambassadeur, ce serait sans l'ombre d'un doute Cheb Khaled, qui n'est d'ailleurs plus aussi cheb à présent. Pourquoi le raï et pourquoi Khaled ? Parce que le raï est un genre populaire et bien qu'il ait été contesté par le passé, il est à présent pérenne et accepté. De son côté, Khaled fait l'unanimité et chacune de ses apparitions en Algérie draine une foule impressionnante. Et c'est lors de l'avant-dernière soirée de l'esplanade, celle d'avant-hier soir, que Khaled a fait son show en compagnie de ses cinq musiciens. Dès la fin de l'après-midi, les familles commençaient à affluer ; à 21h déjà, l'esplanade était pleine de monde et on ne pouvait trouver un espace ne serait-ce debout, même dans les coulisses. Parfois, il fallait lever la tête en l'air pour pouvoir respirer. Mais avant l'entrée sur scène de Khaled, il fallut d'abord suivre et apprécier la prestation de danse de la troupe Chawa du Niger. Celle-ci a entamé la soirée en gratifiant le public de danses et chants traditionnels au rythme endiablé : leurs danses traitaient de la vie et de l'importance de l'eau pour la survie des hommes, surtout sur notre continent. Les minutes d'attente sont devenues une éternité... et comme si cela pouvait le réconforter, le public scandait “Khaled, Khaled”. Enfin, le moment tant attendu arrive, l'enfant terrible de Sidi El-Houari a rejoint la scène — comme une apparition — muni de son accordéon. Et c'est parti pour deux heures de concert non-stop. Il a entamé son show face à la foule en délire avec son tube Ya Mina, souvent repris mais jamais égalé. Accompagné d'un orchestre composé de musiciens algériens et français, le king a subjugué la foule venue en masse assister à ce concert-événement. Les musiciens se sont, à leur tour, déchaînés individuellement sur des airs africains en hommage aux participants au Panaf, présents en force au concert. Tous les ingrédients étaient réunis pour que cette sortie de Khaled enchante les cœurs, adoucisse les mœurs et suspende le temps : des effets sonores et lumineux de dernière génération et surtout un public venu très nombreux. Le courant est vite passé entre Khaled et son public qui l'accompagnait dans son interprétation, connaissant parfaitement les chansons de la star. Il y avait également dans ce spectacle beaucoup de nostalgie et une grande émotion, suscitées certainement par les anciennes chansons de l'artiste, notamment lors des années 1980. Infatigables, les spectateurs ont chanté, dansé, hurlé, vibré sur les airs entraînants de Ya del marsam, Trig el-lycée, Bakhta, Sahra et Dour El-Wahran dour. Grand séducteur et toujours avec son sourire légendaire, Khaled a réussi à mettre le public dans sa poche. De nouvelles chansons comme Liberté ou encore Ana el-maghboune ont aussi été interprétées par l'artiste. Connaisseur et avide, le public a longtemps applaudi la prestation de Khaled qui a retrouvé ses fans et partagé un moment fort agréable plein de générosité. D. S.