Après les phosphates de Boucraa et de sérieux indices de pétrole sur les côtes atlantiques, voilà le gisement de l'eau souterraine qui a certainement accru la convoitise marocaine sur le Sahara occidental. C'est la très sérieuse revue scientifique New Scientist qui le dit : le Sahara occidental repose sur une des ressources naturelles les plus grandes et les plus précieuses du monde : l'eau. Une carte de haute résolution révélée par l'Unesco montre des aquifères souterrains stockant les quantités énormes d'eau dans le monde. Cette carte de l'or bleu montre qu'une immense nappe d'eau couvre pratiquement toute la surface de la côte atlantique du Sahara occidental, alors qu'au Maroc, c'est la dèche. Pas une goutte dans le profond sous-sol ; le royaume de Mohammed VI n'est pas couvert par la nappe d'eau. Et la crise hydrique n'est pas une vue de l'esprit. Le Maroc, grande destination touristique qui doit consommer de plus en plus d'eau pour être attractif, est dans une mauvaise position comparé à ses voisins. Il n'a pas d'aquifères, ces couches souterraines de roches ou de sédiments, dont l'eau qui peut être extraite normalement en forant des puits de forage ou en creusant des puits. Ces aquifères tiennent 100 fois le volume d'eau douce qui coule en bas des rivières et des ruisseaux dans le monde entier à tout moment. Avec cette découverte, le royaume chérifien s'accrochera encore plus au Sahara, étant donné son manque de pétrole, le manque d'accès aux aquifères sahariens et la pauvreté de sa population. Les cartes de l'Unesco révèlent combien d'aquifères traversent les frontières internationales. Jusqu'ici, l'organisation a identifié 273 aquifères transfrontaliers : 68 dans les Amériques, 38 en Afrique, 155 dans l'Europe de l'Est et de l'Ouest et 12 en Asie. Chaque aquifère transfrontalier constitue en soi un conflit international potentiel car, si deux pays partagent un aquifère, le pompage dans un pays affectera l'approvisionnement en eau de son voisin. Ces eaux souterraines sont des ressources fantastiques pour beaucoup de populations privées d'or bleu. On parle d'ailleurs de révolution d'eau souterraine. Mais c'est une révolution avec des conséquences environnementales inquiétantes. Dans beaucoup de parties du monde, autour de la Méditerranée par exemple, mais aussi aux EU et au Moyen-Orient, les nappes phréatiques tombent et les aquifères sont infiltrés par l'eau de mer à cause de pompages non-stop, plus rapides que leur remplissage de nouveau par la pluie. D. Bouatta