Défi n La société algérienne aura besoin de temps pour s'adapter au nouveau week-end. Les habitudes cumulées depuis 33 ans, subiront un profond bouleversement. A partir d'après-demain, samedi, les Algériens devront changer leurs habitudes en observant leur repos hebdomadaire les vendredi-samedi, au lieu de l'habituel jeudi-vendredi. La décision qui a été prise le mardi 21 juillet 2009 en Conseil des ministres, ne répond pas totalement aux doléances des opérateurs économiques qui ont toujours revendiqué le retour au week-end universel afin de s'adapter aux exigences de l'économie mondiale, mais ne déplaît guère aux islamistes qui tiennent à préserver le vendredi exclusivement à la grande prière collective (Salat El-Djoumouaâ). Entre les deux tendances protagonistes, l'Etat a donc préféré «couper la poire en deux» afin de réduire les pertes économiques en facilitant l'échange entre les opérateurs nationaux et étrangers, sans écorcher la «sensibilité religieuse» des fidèles. Actuellement, l'économie nationale ne fonctionne que trois jours par semaine, cumulant «week-end algérien» et universel. Ce volume de travail à temps partiel provoque un manque à gagner de 1 milliard de dollars (710 millions d'euros) par an, selon les opérateurs économiques. A partir de demain, la semaine de travail en Algérie ne gagnera, en effet, qu'une toute petite journée. Si certains reprochent au gouvernement d'avoir manqué d'audace en refusant de revenir au week-end universel, d'autres qualifient la récente décision de pragmatique et conforme au climat politico-économique dans la conjoncture actuelle. Ces derniers estiment que la première étape vers le retour au week-end universel a été franchie, mais rien n'est encore sûr, car une telle option reste aussi tributaire d'une mutation politique profonde. La décision du Conseil des ministres a aussi suscité la réaction des partis politiques. Si les partis de la mouvance islamiste ont salué la démarche du gouvernement qui «a su harmoniser entre l'intérêt économique et le devoir spirituel des Algériens», les partis d'opposition, notamment le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Front des forces socialistes (FFS), ont vivement critiqué cette décision. Pour ces deux partis, qui font du retour au week-end universel une priorité dans leurs programmes, le pouvoir a, encore une fois, cédé à la pression des islamistes, au détriment de l'intérêt et de la performance de l'économie nationale. Le premier secrétaire national du FFS est même allé jusqu'à qualifier la décision de «vrai théâtre japonais». Toutefois, les réactions des uns et des autres ne revêtent maintenant aucune importance, puisque la question est tranchée et il ne reste que l'adaptation de la société et de la sphère économique à la nouvelle donne. Un bouleversement profond sera effectué dans le comportement de toute la société qui aura, certainement, du mal à modifier ses habitudes conformément aux nouveaux jours de repos, 33 ans après l'adoption du week-end «islamique».