Coup dur pour Barack Obama qui subit son deuxième revers parlementaire depuis son investiture, le 20 janvier, à la Maison-Blanche. Son vœu de voir sa réforme du système de santé discuté et adopté au plus vite ne trouve pas d'écho favorable, alors qu'il a voulu en faire la mesure phare de son mandat présidentiel et bien que le parti démocrate soit majoritaire aussi bien à la Chambre des représentants qu'au Sénat. Vendredi dernier déjà, des discussions entre un groupe de parlementaires démocrates n'ont pas abouti, ayant achoppé sur le coup faramineux du projet. Les chances sont très minces que la chambre américaine des représentants vote ce plan de 1 000 milliards de dollars a, de plus, averti Steny Hoyer, chef du groupe démocrate. En effet, le projet de réforme du système de santé rencontre une forte opposition chez de nombreux républicains, mais aussi chez certains démocrates. Au Sénat, alors que les vacances parlementaires ne commencent que le 1er août, la décision a été prise de ne discuter l'ensemble du plan qu'à la rentrée, en septembre, ignorant le souhait du président Obama de faire vite. Si le vœu de Barack Obama était de marquer l'anniversaire de son élection historique par la mise en œuvre d'une réforme emblématique, celui-ci semble de plus en plus compromis. Il convient de rappeler que le Parlement américain a déjà eu à s'opposer aux volontés du président Obama en lui refusant le modeste budget de 80 millions de dollars nécessaires au transfert des prisonniers de Guantanamo et à la fermeture de ce qu'il est convenu de nommer le camp de la honte. Au plan économique, la crise persiste et la reprise tarde à venir. En tout cas pas au niveau espéré. Même les Etats les plus prospères, comme la Californie, connaissent les pires difficultés avec des endettements record et des taux de chômage à deux chiffres. Et ce qui n'arrange rien pour le locataire de la Maison-Blanche, il s'est lui-même invité dans une polémique qui allait devenir le premier conflit à caractère racial de sa présidence, avant de se raviser et de regretter ses propos. L'arrestation controversée d'un éminent professeur noir, un ami personnel, lui a fait perdre son sens de la mesure et de la réserve en qualifiant l'interpellation de stupide, ce qui a mis sur les dents toute la police de Cambridge dont l'agent impliqué assure avoir respecté toutes les procédures d'interpellation en vigueur. La polémique a très vite quitté les murs de la police pour prendre une dimension nationale, ce qui a contraint Obama à une intervention publique inopinée, où il a regretté ses propos et déclaré avoir appelé au téléphone l'agent incriminé. Une polémique dont il aurait pu faire l'économie, une thérapie contre la crise économique qui tarde à donner des résultats, des oppositions de plus en plus visibles dans son propre camp politique… Ce sont autant d'éléments dont la conjugaison ternit inexorablement l'étoile du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis. Sa cote de popularité baisse sensiblement et le nombre d'Américains qui lui expriment leur confiance recule. En fait, c'est la fin de la période de grâce. Dorénavant, il devra imposer sa politique à la force des poignets car aucun cadeau ne lui sera concédé. M. A. Boumendil