Hormis une poignée d'initiés, l'illustre intervention de M. Djamel Klouche, architecte urbaniste fondateur de l'AUC (retenu par l'Elysée parmi les dix architectes qui doivent réfléchir au futur Grand-Paris), n'a pas eu d'écho auprès des participants à la première université d'été de la communauté nationale à l'étranger organisée par le département de Djamel Ould-Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger. L'assistance a été, par contre, obnubilée lors de la 4e journée des travaux, qui se déroulent au CNFPS de Birkhadem par le thème portant sur l'Islam “Religion de paix, de tolérance et de solidarité” avec pour intervenants Cheikh Bouamrane, président du Haut-Conseil islamique (HCI) et M. Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix et présentateur de l'émission islamique sur France 2. “Comment concilier la formation spirituelle et les problèmes de l'heure”, a soutenu Cheikh Bouamrane, pour aborder une problématique qualifiée par M. Bencheikh comme étant “au centre des enjeux nationaux et internationaux”. En effet, au moment même où l'islamophobie est pointé du doigt, M. Bencheikh conseille de “revenir à la sagesse” à travers l'acquisition du savoir, l'éducation pour éviter la manipulation. Ceci a suscité inéluctablement des interrogations cruciales dans le débat actuel sur les lieux de culte et la formation des imams. Sans détour, les deux intervenants s'accordent à dire qu'il y a lieu de “revoir la formation des imams”. “Nous avons suggéré à plusieurs reprises au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs de trouver la méthodologie pour la formation des imams, une pédagogie commune à tous”, et d'expliquer qu'il faut absolument apprendre à l'imam comment faire un bon prêche le vendredi et d'illustrer avec l'exemple portant sur l'alcool. Il s'agit de savoir expliquer le problème et le présenter, connaître l'aspect médical et ensuite les répercussions sur la société. “En général, l'imam ne connaît qu'une seule langue. C'est insuffisant, il lui faut au moins connaître une autre langue et pourquoi pas trois”, dira Cheikh Bouamrane, faisant allusion à la langue de Molière et celle de Shakespeare. C'est dire que l'absence d'une sorte de “manuel”, et donc une formation de niveau ou le manque d'encadrement, a permis des “dérapages” ou des “interférences” que l'Etat est loin de pouvoir contrôler. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, le ministre des Affaires religieuses a reconnu qu'il existait un déficit en imams par rapport au nombre des mosquées. Un vide qui n'a pas manqué d'être exploité par les islamistes radicaux qui travaillent pour le compte des salafistes, et ce, notamment dans les milieux défavorisés échappant ainsi à tout contrôle. Loin de reconnaître cette triste réalité, les pouvoirs publics prennent, cependant, la décision d'introduire des changements concernant le cadre des instituts de formation et renforcer les rangs des imams. La situation n'est guère meilleure en France où la question se pose encore avec acuité. “Il faut former à la culture hybride (de référence)”, dira pour sa part M. Bencheikh, suggérant qu'il serait plus judicieux de recourir à des divers référents (arabe et autres) et de s'éloigner des lieux de culte improvisés. “Les mouvements les plus subversifs viennent des catacombes”, a-t-il déclaré, appuyé par cheikh Bouamrane qui a relancé le débat sur la tolérance et la liberté de culte. À ce titre, il a été soutenu qu'il revient aux intellectuels, théologiens, penseurs, etc. d'entreprendre des chantiers titanesques pour donner une autre image des musulmans et de l'Islam et extirper les amalgames. Nabila Saïdoun