Sous un soleil de plomb, atteignant les 45°, 6 agents de sécurité parmi les 24 exerçant à l'usine d'amiante SPDE (ex-ERCE) à Bordj Bou-Arréridj, sont montés, hier, en haut d'un silo et ont menacé de se suicider si leurs revendications ne sont pas satisfaites. La protestation a commencé, avant-hier, quand les 24 agents de sécurité de la SPDE, unité amiante de Bordj Bou-Arréridj, spécialisée dans la fabrication de tôle et de tube d'amiante, ont décidé de bloquer toutes les entrées. Leur usine est mise en liquidation judiciaire depuis deux ans et ils réclament, avant le 31 juillet, leur intégration ou les indemnités de départ, se basant sur les sommes versées, selon eux, par l'ERCE aux salariés licenciés du groupe, également en contact avec l'amiante. “Nous avons travaillé dix ans sur ce dangereux site. Nous avons été exposés aux dangers de l'amiante durant toutes ces années et maintenant, ils nous renvoient sans aucune indemnité”, dira notre interlocuteur. Rappelons que cette unité est mise en exploitation depuis 1976, soit 36 ans après le traité de Johannesburg et deux ans à peine avant l'interdiction de l'amiante en France et dans d'autres pays européens. La SPDE (amiante-ciment) de Bordj Bou-Arréridj, qui s'étend sur une superficie de 20 ha, dont 1,26 ha bâtis, et produit 50 000 tonnes/an, dont 15% d'amiante comme matière première, génère 20 ans de déchets qui ceinturent principalement la périphérie de la ville et dont des constructions privées reposent en ce moment sur “l'asbeste”, un mal endormi qui risque de se réveiller à n'importe quel moment si l'on sait que la boue d'amiante issue des bassins de décantation est estimée, en terme de teneur, à 1 000 tonnes/an. Ces déchets ont été, pendant un certain temps, évacués vers la décharge publique et, parfois, dans la nature. Actuellement, une quantité importante, plus de 40 000 tonnes (déchets comportant entre 8 et 15% d'amiante), est stockée au sein de l'unité, constituant ainsi un danger réel pour les travailleurs et pour les populations de la ville de Bordj Bou-Arréridj et les habitants limitrophes. “Les responsables persistent dans leur langue de bois à vouloir insinuer que la ‘fibre' de la SPDE n'est pas forcément à l'origine des cancers constatés chez certains employés de l'unité et elle est sans danger pour les agents de sécurité”, nous dira le représentant des agents de sécurité qui réclament réparation. Le chef de cabinet du wali s'est déplacé sur les lieux et a promis de transmettre les doléances des protestataires à la tutelle, mais cela ne suffira pas à apaiser les esprits. “Nous avons entendu beaucoup de promesses, nous voulons maintenant du concret”, ont clairement fait comprendre les concernés. Vers 13 heures, les agents protestataires décideront de fermer l'usine interdisant au liquidateur de délocaliser le matériel jusqu'à satisfaction de leur revendication. Hier, une centaine de retraités de l'usine se sont joints au mouvement de protestation exigeant leur indemnisation eux aussi. Chabane Bouarissa