Le vin est aux Français ce que le five o' clock tea est aux Anglais et le couscous chez nous. C'est ce que ne partage pas le journaliste Albert Toscano. Il sait de quoi il parle puisqu'il hante Paris depuis 1986 comme correspondant de plusieurs médias italiens et consultant recherché pour des télévisions dont TV5. D'ailleurs, c'est lors d'une émission de “Kiosque” que je l'ai rencontré chez Philippe Dessains. Il se demande pourquoi les Français ont tous ces petits délices de la vie qu'ils entretiennent, certes, mais sans voir qu'ailleurs, ils sont bonifiés avec une plus-value qui les met encore plus en vue. Au chapitre “Impossible n'est pas français”, fameuse réponse de Napoléon, datée du 9 juillet 1813, au général Léonard François en position en Allemagne, est devenue un slogan pour les hommes politiques qui promettent la lune et offrent en finale des comètes. L'auteur y accole l'autre mot d'ordre des années 1980, sorte de pierre philosophale devenue justificatif trop usité : “Nous n'avons pas de pétrole mais nous avons des idées.”(p 59). Galanterie, joli mot qui, si ce n'est grâce aux poètes qui le préservent pour la rime, est repris par l'auteur qui l'assimile, le temps faisant, aux bonnes manières. Et là encore, pan sur le bec ! Quant aux bonnes manières, en général, la situation s'est dégradée partout. La France du président qui dit “Casse-toi, pauv'con !” n'est pas spécialement différente de l'Italie d'un chef du gouvernement faisant, lors de la photo de famille d'un sommet européen, le signe des cornes avec les doigts de sa main droite, sur la tête de son voisin… (p 118). Un autre chapitre élégamment (tant que nous y sommes) intitulé “France, terre d'accueil” où il est question d'éloignement de la métropole au lieu d'expulsion des sans-papiers. “Il s'agit, selon le rapport du 13 janvier, de pas moins de 29 796 sur un objectif à atteindre de 26 000. Résultat brillant, mais la majorité est composée de Roumains et de Bulgares, désormais membres de l'UE, qui pourront donc revenir. À quoi bon la manière musclée dans cette terre d'accueil ?” Autant d'exemples pris et démontés sur le quotidien des Français vus par un de leurs voisins habitant la botte. Croustillant, léger mais surtout bien documenté. A. Toudert Critique amoureuse des Français, d'Alberto Toscano, 280 pages, éditions Hachette littérature, France, 20 euros