Les pouvoirs publics, à travers la loi de finances complémentaire 2009, viennent de décider la suppression du transfert libre, un mode de paiement des importations très utilisé, au profit du crédit documentaire. “Le crédit documentaire était souvent utilisé par les opérateurs nationaux quand l'Algérie était considérée par les agences d'assurance-crédit à l'exportation comme un pays à risque. Aujourd'hui, pour ces agences, l'Algérie n'est plus un pays à risque. Conséquence : les fournisseurs de l'Algérie ne demandent plus le paiement de leurs exportations via le crédit documentaire. Le transfert libre a tendance à être ainsi utilisé par les opérateurs algériens. En supprimant le transfert libre au profit du crédit documentaire, on fait dégrader le risque Algérie”, commente un expert. En clair, cette suppression lance un signal à l'étranger que beaucoup d'opérations du commerce extérieur algérien s'effectuent de manière illégale et font peser donc le risque d'impayés. En ce sens, pour des opérateurs très connus sur la place d'Alger qui ont requis l'anonymat, la suppression du transfert libre pénalise les chefs d'entreprise. “Cela pénalise les opérateurs. À travers le transfert libre, les fournisseurs font confiance aux clients. Avec le crédit documentaire, vous payez des commissions, des frais supplémentaires. Vous immobilisez l'argent. Vous provisionnez le montant de la facture. Avec le transfert libre, le fournisseur vous envoie le produit. Vous payez après. Quand il y a transfert libre, c'est le fournisseur qui prend le risque (d'impayé)”, explique un patron d'une entreprise privée algérienne. Ces opérateurs se demandent du reste, pourquoi le transfert libre a été supprimé. Pas de réponse : les pouvoirs publics n'ont pas justifié, nous semble-t-il, la nouvelle disposition.La fiche de synthèse de la Dree parue en janvier 2009 sur les modes de paiement en Algérie établit, elle, de façon plus claire la distinction entre ces deux formules de paiement des importations. “Le transfert libre, peu coûteux, suppose l'existence de rapports de confiance totale entre les partenaires. Il est très utilisé par les maisons mères et leurs filiales pour les mises à disposition et les transferts courants. En Algérie, le cas d'un paiement par transfert libre suppose la domiciliation préalable de l'opération d'importation auprès d'une banque locale. Le crédit documentaire est un mode de paiement très sécurisé et recommandé lors des premières transactions. Les clients algériens ne sont pas toujours prêts à ouvrir un crédit documentaire. Les délais de mise en place sont en effet assez longs. De plus, les banques algériennes demandent des provisions considérables pour accepter d'ouvrir un crédit documentaire” Ainsi, cette mesure ne constitue pas, loin s'en faut, un assouplissement des procédures dans les opérations du commerce extérieur. S'il faut accepter certaines mesures destinées à mieux contrôler les opérations du commerce extérieur pour éviter les transferts illicites de devises, ce n'est pas en alourdissant le poids des frais sur les opérateurs, qu'on parviendra plus sûrement à un résultat. L'aggravation des charges sur l'entreprise pénalise plutôt l'emploi et la création de richesses. Enfin, n'oublions pas que ce sont les consommateurs qui, en dernier ressort, paieront la facture. K. Remouche