Aux dangers de la mer viennent se greffer ceux des lacs des barrages endeuillant des dizaines de familles et interpellant les autorités à une nouvelle approche dans la préparation et la gestion de la campagne estivale. À Mila, des dizaines de citoyens de la localité de Sibari dans la wilaya de Mila ont bloqué, durant la matinée d'hier, la route nationale 27 reliant Mila à Jijel pour protester contre les deux cas de noyade mortelle de la veille. En effet, deux enfants, âgés respectivement de 10 et 12 ans, ont perdu la vie après leur noyade dans le lac du barrage de Béni Haroun. Les deux corps inertes ont été repêchés par les plongeurs de la Protection civile alors qu'un troisième enfant a été sauvé in extremis. Les protestataires, qui ont dressé des barricades de fortune sur la chaussée, revendiquaient la sécurisation des berges du barrage. Ils interpellent l'ANBT pour qu'elle renforce le dispositif de protection du site. À Collo, le même vendredi, la consternation était grande chez les populations et les estivants. Durant cette seule journée, 5 personnes ont laissé la vie au fond de la mer de Tamanart et de la baie des Jeunes filles. À Tamanart, 4 enfants d'une colonie issus d'une école coranique située à M'sila ont péri dans des conditions qui remettent en cause l'ensemble de la politique de préparation de la saison estivale en vigueur en Algérie depuis plusieurs années. Il s'agit de A. N., 21 ans, T. K.,10 ans, T.Y., 11 ans et A. R., 14 ans. Le ton de ce vendredi noir a été donné tôt dans la matinée, dans la baie des Jeunes filles, où un homme de 39 ans a laissé la vie suite à un malaise au moment de son premier contact avec l'eau de mer. Quand on sait que la plage de Tamanart, la plus prisée et fréquentée de toute la wilaya de Skikda, n'est pas surveillée et que les jeunes victimes sont inscrites dans une colonie censée être déclarée aux autorités concernées, on prend la mesure des défaillances qui perdurent dans la gestion systémique de la campagne estivale. Quand c'est une plage officiellement interdite à la baignade qui attire le plus d'estivants et quand une école coranique ouvre un campement sur le site sans être inquiétée alors que la réglementation est censée être stricte, on ne peut que s'interroger sur les responsabilités de plusieurs intervenants et sur l'opportunité de certaines décisions. Cette fois, les responsables ont sur les bras 4 morts, des jeunes à la fleur d'âge. C'est le moment d'observer une halte et de dresser un bilan sans complaisance de toute leur démarche. Si ailleurs, c'est la chaleur qui tue à cause des effets de la déshydratation, chez nous, ce sont les conditions pour se rafraîchir qui endeuillent des centaines de familles en saison estivale. D'ailleurs, le même constat est fait en hiver. Ce n'est pas le froid qui tue mais les conditions de chauffage. Mourad K. et Kamel Bouabdellah