Des centaines de ces véhicules circulent en Algérie avec de faux documents, dont beaucoup d'ailleurs ont été saisis par les services de sécurité : Gendarmerie nationale, Police des frontières et Douanes algériennes Dans le cadre de la lutte contre le trafic de véhicules que mènent les services de la police internationale Interpol contre cette forme de criminalité à l'échelle mondiale, dix-huit officiers viennent d'être installés au niveau des différentes wilayas frontalières du pays, apprend-on de sources sûres. En service 24h/24 et 7j/7 au niveau surtout des postes frontaliers, ces officiers, hautement qualifiés, assure-t-on, sont rattachés au Bureau central national (BCN), dont le siège est à Alger. Le BCN est, quant à lui, relié directement au bureau d'Interpol basé dans la ville française de Lyon. Ainsi, révèle-t-on, la vérification des véhicules au niveau de ces postes se faisait en parallèle avec des passagers. Le véhicule volé est rapidement détecté grâce à un fichier et un réseau des plus performants. C'est le cas de la voiture de luxe BMW de type X6, dernière génération à bord de laquelle a été arrêté le conducteur, le 15 juin dernier, au poste frontalier d'Oum-T'boul (El-Tarf). La grosse cylindrée figurait sur la liste des véhicules volés en Europe et signalés par Interpol. Selon des sources proches de ces services, quelque 4 millions de véhicules font l'objet aujourd'hui de recherches de par le monde. Le plus souvent des voitures haut de gamme, qui ont été volées au niveau des 187 pays dont les polices ont adhéré à Interpol. Cependant, des centaines de ces véhicules circulent en Algérie avec de faux documents, dont beaucoup d'ailleurs ont été saisis par les services de sécurité : Gendarmerie nationale, Police des frontières et Douanes algériennes. Ainsi, de nombreux réseaux de trafiquants spécialisés dans ce créneau ont pu être remontés. Généralement, il s'agit de voitures haut de gamme, dérobées dans des pays de l'Union européenne, qui “atterrissent” en Algérie par le biais de filières internationales spécialisées dans le vol et l'acheminement de la marchandise vers des pays africains et asiatiques notamment, à partir des frontières sud en général. Les agents de la douane, des GGF et de la PAF, avec l'assistance accrue des éléments de la Gendarmerie nationale sur le terrain, n'arrivent pas cependant, devant l'absence quasi totale de moyens, à maîtriser les filières de contrebandiers, bien organisées et généralement composées des habitants des différentes localités frontalières, à l'exemple de ceux de la bande frontalière algéro-tunisienne de l'extrême Nord-Est (El-Tarf, Tébessa et Souk-Ahras). Par exemple, les habitants des communes de Heddada et de Sidi Fredj (Souk-Ahras) et Khanget-Aoun, El-M'rouj, Bougous, Roum El-Souk (El-Tarf), qui sont les localités les plus proches de la frontière tunisienne, ne se cachent plus pour “faire des affaires” avec leurs voisins d'à côté. Certains se sont même spécialisés dans certains créneaux et troquent à qui mieux mieux gasoil, semoule, café et autre sucre en quantité, la contrebande du cheptel étant plus strictement surveillée depuis quelque temps par les gendarmes gardes frontières. Ceci n'empêche pas que tout ce qui est demandé par le client éventuel peut être livré dans des semaines, si ce n'est pas disponible dans l'immédiat. À Heddada (Souk-Ahras) et Oued Djenane (El-Tarf) particulièrement, il existerait au moins trois ou quatre bandes spécialisées dans les créneaux de la pièce de rechange automobile, le concentré de tomate, les pâtes alimentaires, la “chamia” (confiserie orientale) et l'incontournable harissa tunisienne. On évoque ici même la présence de trafiquants de drogue et de grosses cylindrées sans pour autant être plus éloquent à ce sujet. Dans cette localité, comme d'ailleurs dans toutes celles qui sont situées sur la bande frontalière, des liens familiaux unissent les ressortissants des deux pays et chacun fait l'impasse sur la réglementation quand il s'agit d'aider le cousin, le beau-frère ou encore l'ami de la famille qui demande une assistance, le cas échéant. Donc, dans cet environnement, il est très difficile aux quelques agents de la douane et des GGF en exercice sur cette bande frontière de faire face ou d'infiltrer les réseaux en activité. Plus grave encore, du côté de la bande frontalière de Bouhadjar, l'un des reliefs les plus accidentés, on signale des filières armées professionnelles en matière d'acheminement. Les sorties sur le terrain des douaniers ou des agents de la GGF sont signalées par des tirs d'armes à feu par des guetteurs embusqués. Pour contrecarrer cette saignée de l'économie nationale, on apprend que les Douanes algériennes ont procédé au recrutement d'agents civils au niveau local qui seraient rémunérés en fonction du nombre d'affaires de contrebande éventées et signalées et surtout de leur importance. B. BADIS