Loubna Ahmed Hussein devra attendre un mois de plus pour savoir si elle est condamnée à recevoir 40 coups de fouet. Son procès, “le procès du jean”, comme on l'appelle à Khartoum, a en effet été reporté, le juge estimant qu'il devait déterminer si la journaliste bénéficie d'une immunité en raison de son emploi à la mission de l'ONU au Soudan ! Loubna qui est poursuivie pour “tenue indécente” parce qu'elle portait un pantalon, sous une ample liquette, se dit déterminée à faire changer les choses. Pour la soutenir, des centaines de personnes s'étaient massées mardi devant le tribunal. La manifestation a été dispersée par des tirs de gaz lacrymogènes. Son pantalon est devenu un étendard pour les femmes soudanaises qui demandent plus de liberté. Son bras de fer avec les autorités judiciaires suscite depuis un mois de nombreux débats à Khartoum et pour la jeune femme, peu importe l'issue de son procès, l'important c'est de changer la loi. “Non, je n'ai pas peur des coups de fouet. La flagellation ne fait pas si mal mais c'est une insulte. Une insulte pour l'humanité, pour les femmes, pour toutes les personnes qui demandent la liberté. C'est aussi une insulte pour mon pays et pour la religion car la religion respecte les êtres humains. Je veux que ce procès ait lieu parce que je veux changer la loi", a-t-elle dit après le report de son jugement. Et en attendant ce procès prévu le 7 septembre, cette veuve d'une trentaine d'années n'entend plus quitter ses jeans, objet de polémiques dans un pays qui a d'autres chats à fouetter dont la menace d'inculpation de son président à la demande de la CPI pour crimes de guerre au Darfour. Qu'elle soit condamnée ou pas, Loubna a déjà remporté une victoire symbolique. D. B.