La firme pharmaceutique Roche, productrice du Tamiflu, a immédiatement réagi à cette étude. Quant à l'OMS, elle s'est limitée à rendre publique l'évolution de l'épidémie : 1 462 personnes tuées sur les 177 457 cas recensés, contre 1 154 morts sur 162 380 malades le 5 août dernier. L'Algérie, qui dispose actuellement d'un stock de 16 millions de masques de protection et de près de 7 millions de boîtes de Tamiflu, ainsi que de 50 000 boîtes de Saiflu produit par le groupe Saidal pour prévenir et traiter le virus H1N1, appelé communément grippe porcine, devra-t-elle, désormais, changer de stratégie à l'instar de tous les pays du monde pour lutter contre cette épidémie ? Ces médicaments viennent de montrer leur limite à la lumière d'une étude scientifique menée par des médecins britanniques qui ont mis en garde, lundi dernier, contre l'usage routinier de médicaments antigrippe comme le Tamiflu chez les enfants, estimant que cela risquait de faire plus de mal que de bien, a rapporté l'agence française qui a repris le British Medical Journal (BMJ). Cette nouvelle, qui tombe à quelques semaines de l'automne, période durant laquelle l'Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit une pandémie dans le monde, risque de remettre en cause toute la stratégie du ministère de la Santé et autres pouvoirs publics sensibilisés sur le sujet, et ce, du fait que tous les traitements préconisés au départ n'ont pas d'effet positif escompté sur les enfants, premières victimes et dangereusement exposés au virus H1N1. Même si l'étude réalisée sur 1 766 enfants de 12 ans ou moins ne porte pas sur l'actuelle épidémie de grippe dite porcine, les scientifiques britanniques suggèrent en conséquence que “le Tamiflu a peu ou pas d'effets sur les crises d'asthme ou l'exacerbation de ses symptômes, sur l'augmentation des otites et le recours aux antibiotiques”. Il a été constaté, en effet, chez certains enfants que le Tamiflu peut ainsi causer des vomissements qui peuvent conduire à une déshydratation et des complications. Bien avant, la Health Protection Agency (HPA), l'agence sanitaire britannique, avait rapporté que plus de la moitié des 248 jeunes élèves ayant eu préventivement du Tamiflu, après qu'un de leurs camarades eut contracté la grippe porcine, ont souffert d'effets secondaires tels les nausées, les insomnies et les cauchemars, et ce, sans compter de sévères symptômes d'ordre psychiatrique (hallucinations, comportement anormal et 12 décès constatés chez des enfants japonais de moins de 16 ans traités par Tamiflu il y a près de dix ans). Parallèlement, des autorités sanitaires soutiennent que le médicament (Tamiflu) n'était pas la cause de ces décès puisque 11 millions d'enfants avaient été traités par le même médicament au Japon entre 2001 et 2005. Et c'est devant cette complexité à prononcer un verdict sans appel contre l'effet négatif du Tamiflu que le Dr Carl Henegan, expert du John Radcliffe Hospital à Oxford (Royaume-Uni), un des auteurs de l'étude, a avoué que la politique britannique de distribution du Tamiflu face à une maladie relativement bénigne est “une stratégie inappropriée”. Car, relèvent aussi des médecins, le simple Paracétamol suffit pour soigner la nouvelle grippe. Du coup, note-t-on, “les effets néfastes d'une prescription systématique telle que celle pratiquée en ce moment en Angleterre l'emportent sur les bienfaits comme la réduction d'un jour et demi de la durée des symptômes et la réduction de la transmission de la grippe de 8%”. Cela étant dit, la vente du Tamiflu sans ordonnance et sans consulter un médecin en Angleterre est un facteur favorisant les risques d'apparition de résistances au traitement. D'où l'appel à la prudence quant à l'usage de ce médicament et autres antiviraux dans les circonstances actuelles. La réaction de la firme pharmaceutique Roche, productrice du Tamiflu, ne s'est pas fait attendre : la grippe en général occasionne nausées et troubles digestifs, a-t-on plaidé. “Des études cliniques auprès d'enfants traités par le Tamiflu ont démontré des effets secondaires comme la nausée, mais ceux-ci sont modérés, et il est très rare qu'il faille interrompre pour cette raison un traitement avec le Tamiflu”, a indiqué une porte-parole de Roche. Une polémique de plus qui éclate en Europe et qui risque de porter un coup dur aux stratégies mises en branle dans les pays émergents comme l'Algérie. Selon l'OMS, qui a publié hier des statistiques officielles, la grippe porcine a tué 1 462 personnes sur les 177 457 cas répertoriés dans 170 pays et territoires, contre 1 154 morts sur 162 380 malades le 5 août dernier. “Le virus pandémique semble avoir atteint un pic et est en train de décliner dans plusieurs pays tempérés de l'hémisphère sud”, a encore affirmé l'OMS. FARID BELGACEM