Les riverains de Oued Bouroumi se plaignent des odeurs pestilentielles intensifiées “lorsque le bull de Mouzaïa ou d'El Affroun remue les ordures et les déverse dans l'oued”, de la prolifération de rats, mouches, moustiques et des fumées asphyxiantes (précisément, lorsque les ordures sont incinérées). Le paisible et coquet hameau de Bouroumi, agglomération de près de 3 500 habitants, sise de part et d'autre de la RN4 sur une longueur de quelques 500 m, est au bord de l'asphyxie, en témoigne la prolifération alarmante de cas de maladies respiratoires et d'affections dermatologiques évoluant depuis près de dix ans. Pris en sandwich entre deux décharges publiques (celle de Mouzaïa, au nord et celle d'El Affroun, au sud), ses habitants crient à qui veut les entendre leur calvaire. L'oued Bouroumi débordant d'eaux claires (souvent en crue, l'hiver), il y a trois décennies encore, ne charrie plus, aujourd'hui, que les eaux usées qui s'y déversent de Bouroumi, d'abord, d'El Affroun et de N'haoua (localité distante de 14 km, au sud), ensuite. Son lit est réduit, par endroits, à deux mètres de large en raison de la décharge qui y évolue. Les riverains se plaignent des odeurs pestilentielles intensifiées “lorsque le bull de Mouzaïa ou d'El Affroun remue les ordures et les déverse dans l'oued”, de la prolifération de rats, mouches, moustiques et des fumées asphyxiantes (précisément, lorsque les ordures sont incinérées). “Notre quotidien, ici, est devenu invivable, nous confie un sexagénaire, entre deux quintes de toux. Certains jours, quand les odeurs sont insupportables, nous fuyons nos maisons pour la journée. Certains vont se réfugier à El Affroun, d'autres à Mouzaïa…” Son voisin lui emboîte le pas : “Par temps de vent, lorsque les ordures de la "zoubia" sont incinérées, la nourriture que nous consommons prend le goût de la pourriture.” La chaleur à laquelle s'ajoute l'humidité ambiante est intensifiée par les fumées âcres et nauséabondes. Un problème qui empoisonne (au propre comme au figuré) leur existence et porte une sérieuse atteinte à l'environnement. Un problème de santé publique.Une inquiétude les taraude, par ailleurs : le forage qui alimente le réseau d'AEP est à moins de 100 m de la décharge émanant de la commune de Mouzaïa. Cette dernière (la décharge) évolue à quelque 200 m des habitations. Quant à la nappe phréatique, “il y aurait à craindre pour la santé des habitants de Bouroumi du fait de la proximité de la décharge renfermant, on l'imagine bien, déchets toxiques, hospitaliers et autres produits et substances nocives”, signale un jeune enseignant. Le centre d'enfouissement technique intercommunal pour les déchets ménagers et hospitaliers de communes de la région ouest de la wilaya de Blida est toujours attendu. Les services concernés de la wilaya (et à leur tête le wali), celles de l'environnement et les responsables locaux se sont, jusqu'ici, butés à des réticences (relatives, notamment, à la cession d'un terrain devant contenir le CET) des populations riveraines, chaque fois qu'une solution était entrevue. Le terrain propice à la réalisation d'un CET n'avait pas été encore trouvé. Après Beni Tamou (5km du chef-lieu de wilaya) et M'aïef (douar rattaché à Oued Djer), le dénouement semble être atteint avec la proposition de création d'un CET à Rihane, un hameau relié à la commune de Aïn Romana, sur les hauteurs de Mouzaïa. Un lieu bucolique éloigné des agglomérations. Cette réalisation qui vise l'élimination saine et rationnelle des déchets (avec traitement des déchets recyclables) et l'éradication des décharges sauvages, tout en créant des postes d'emploi, est la solution qu'attendent les habitants de Bouroumi. Une population fortement incommodée, éprouvée, affectée par des pathologies dont la source est récente. Depuis, on croit savoir que le prix de l'immobilier a chuté dans ce hameau niché dans un écrin de verdure, entouré de champs tapissés, au printemps, de coquelicots, camomille romaine, pâquerettes, boutons d'or et autres fleurs sauvages, bordé d'eucalyptus, de camphriers et d'oliviers et embaumant le laurier rose de l'oued qui le limite, et l'acacia. Mais où, selon sa population, il ne fait plus bon vivre aujourd'hui. Fatiha Seman