Il n'est aujourd'hui pire aveugle que celui qui ne veut regarder une réalité devenue récurrente du fait de son amplification et de ses nombreux effets sur la quiétude générale et la vie de la cité. Après la prolifération de la mendicité, des vols et de la violence, fléaux sociaux induits par l'urbanisation rapide et l'exode rural, il s'est ajouté un phénomène encore plus pernicieux, car touchant à la morale et aux règles qui régissent les rapports en société. Il s'agit de la prostitution qui, affirme-t-on à travers les discussions, est en train de gagner du terrain à travers nos villes et hameaux, ne cessant d'ailleurs de s'étendre aux régions où les valeurs morales jusque-là ont toujours été jalousement préservées. Il ne faut donc pas s'étonner de voir proliférer les foyers où se pratique le plus vieux métier du monde, ce dernier n'étant rien d'autre qu'une forme d'exploitation de la dignité de la personne qui est obligée de vendre son corps pour pouvoir survivre. L'on signale une multiplication des repaires de la prostitution dans toutes les agglomérations même celles réputées pour leur conservatisme et leur respect des valeurs traditionnelles. C'est ce qui explique les nombreuses interventions des services de police des mœurs pour enlever les victimes du fléau des rets des réseaux de prostitution et de mettre fin aux lieux de débauche, tout en arrêtant ceux et celles qui s'adonnent aux pratiques du proxénétisme. On se souvient que lors d'une perquisition effectuée dans un appartement, les services de police ont mis le grappin, il y a quelques jours, sur une personne respectueuse qui organisait des rencontres en faisant venir quatre filles dont une mineure, en les mettant à la merci de prédateurs qui ne reculent devant rien pour satisfaire leur instinct animal, quitte à abuser de la naïveté de jeunes filles à peine sorties de l'adolescence. L'explication plausible à cette situation de dégradation des mœurs est le manque de solidarité qui a accentué la dislocation des familles dans une conjoncture économique de plus en plus difficile. Il ne faut donc pas s'étonner d'observer une exacerbation des fléaux sociaux, dont la prostitution n'est qu'une des manifestations des comportements égocentriques des uns et des autres, devenus sourds aux appels de détresse de leurs semblables. Comme chacun sait, ils sont chaque fois plus nombreux, jeunes et moins jeunes, qui doivent chaque jour que Dieu fait, errer à travers les rues de la ville et battre le pavé, à la recherche d'une quelconque activité pour leur permettre de gagner de quoi se procurer les produits alimentaires de base. C'est cette situation de pauvreté, qui a déjà happé de plus en plus de monde, et qui est responsable de nouveaux comportements où des personnes dignes sont réduites à la mendicité et de nombreuses jeunes filles et femmes sont poussées vers la nasse des profiteurs et exploiteurs.