Il était une fois Sidna Ramadhan. Ceci n'est pas une nostalgie ni une lamentation. Aujourd'hui, Sidna Ramadhan n'est que politique ou bouffe ! Trop de boulitique ! Trop de nourriture ! Et trop de famine ! Oui, il était une fois Sidna Ramadhan, avec ses prières, ses parfums, son magnifique adhane (appel d'el Iftar), ses veillées, ses hommes et ses femmes.Aujourd'hui, Sidna Ramadhan n'est que bazar et spéculation ! Tout genre de spéculations ! Jadis, Sidna Ramadhan était un mois pour la culture, pour la lecture, toutes lectures confondues. Avec l'arrivée de cet “invité” spécial, chacun, comme pour un voyage, préparait à l'avance “sa lecture”. Il y avait ceux qui accommodaient leur lecture spirituelle : des livres religieux Charh al Khalil (Interprétation de Khalil), livres de Cira, les petits livrets populaires contenant le célèbre poème El Borda. Il y avait ceux qui sortaient, les mains tremblantes, une copie ancestrale du Le Coran, hautement gardée et transmise de père en fils. Un trésor. Autrefois, même la lecture du Saint Coran avait un autre cachet, une autre musique, les récitateurs du Coran avaient des voix en miel. Ils étaient plus proches du Ciel ! Aujourd'hui, nous sommes assommés par des milliers de vendeurs “de paroles d'Allah”. Ils sont là dans toutes les chaînes de télévision, sur tous les écrans ! Aujourd'hui, la lecture du Saint “Coran” est noyée entre deux réclames : Coca Cola et un téléphone portable, ou une marque de voiture! Loin d'Allah ! Il était une fois, Sidna Ramadhan. Les gens achetaient, chez le bouquiniste, des dizaines de polars, des séries. D'autres acquéraient des classiques : les Balzac, les Zola, les Gorki, les Alexandre Dumas (père et fils), etc. D'autres préféraient les Ihssen Abdel Kaddous, les Naguib Mahfûz et les Souheil Idris, etc. Les jeûneurs, jadis, lisaient également des romans à l'eau de rose, lisaient les contes, lisaient et lisaient et lisaient et adoraient les livres. Et, il était une fois Sidna Ramadhan, rendez-vous culturel et littéraire. Beaucoup de projets de traduction littéraire étaient la conséquence d'une demande en matière de lecture pendant le mois de Ramadhan. Par une simple lecture du processus de modernisation de la littérature narrative arabe, depuis le début du XXe siècle, nous apercevons que même la naissance de la traduction littéraire était liée à un besoin culturel et à un plaisir narratif sollicité par les appétissantes veillées culturelles ramadhanesques. Afin de vaincre le jour, l'intellectuel jeûneur avait besoin de raconter, de se raconter. (À suivre) A. Z. *Ecrivain [email protected]