Une délégation de personnalités internationales et d'ex-dirigeants politiques, appelée “Elders” (“Les Aînés”), s'est rendue hier au mur de séparation établi par Israël en Cisjordanie, dans le cadre d'une visite d'encouragement aux efforts de paix dans la région. Cette délégation comprend l'ex-président américain Jimmy Carter, le prix Nobel de la paix sud-africain Desmond Tutu et le P-DG du groupe Virgin,ainsi que le milliardaire britannique Richard Branson. Après s'être rendu au barrage militaire israélien de Qalandia, au nord de Jérusalem, la délégation est allée inspecter la barrière de séparation consistant dans ce secteur en une muraille de huit mètres de béton, coupant Jérusalem-Est, annexée après sa conquête en juin 1967, du reste de la Cisjordanie. Zaïna Abou Hamdan, 18 ans, une Palestinienne de Ramallah (Cisjordanie), a décrit à la délégation le pénible parcours qu'elle doit effectuer chaque jour pour se rendre à son école à Jérusalem-Est, les attentes épuisantes dans des corridors bondés avant la fouille effectuée par de jeunes recrues israéliens qui crient en hébreu sur les Palestiniens. “Chaque fois que je dois passer le barrage, je m'exaspère en pensant aux humiliations que je vais subir”, a-t-elle confié au président Jimmy Carter. “Si vous avez de la chance, cela prend combien de temps ?” lui a demandé ce dernier. “Trente minutes”, a-t-elle répondu. “Et si vous n'avez pas cette chance ?” “Deux à trois heures.” Le mur de séparation, destiné officiellement à empêcher les attentats en Israël, a des conséquences humanitaires dramatiques sur la vie quotidienne des Palestiniens, selon un rapport en juillet du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Selon Ocha, la barrière aura, lorsqu'elle sera entièrement construite, une longueur de 709 km, dont 85% seront établis en Cisjordanie même, mais seulement 15% sur la ligne verte, la ligne de démarcation de 1949 entre la Cisjordanie et Israël. La Cour internationale de justice (CIJ), principal organe judiciaire onusien, l'a jugé illégal et a réclamé son démantèlement dans un avis rendu le 9 juillet 2004. Cet avis est resté sans effet. La délégation s'est ensuite rendue dans un centre d'artisanat pour femmes palestiniennes dans le camp de réfugiés de Qalandia. Elle devait rencontrer hier le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad. La veille, elle avait rencontré de jeunes Israéliens à Jérusalem-Ouest et eu un entretien avec le chef spirituel du parti gouvernemental ultra-orthodoxe Shass, le rabbin Ovadia Yosef. Ce groupe de “sages” a été créé en juillet 2007 à l'initiative de Nelson Mandela, le premier président noir sud-africain, afin d'user de l'expérience et de l'influence de ses membres sur la scène internationale pour appuyer les efforts de paix, notamment au Proche-Orient.