La famille Saji vient de saisir la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Ladh) de la wilaya de Tlemcen pour “la mystérieuse disparition” de leur frère Saji Ouassini, né le 26 janvier 1966 à Maghnia, qui purge actuellement une peine de 15 années de réclusion dans une prison de Meknès, en compagnie de deux autres Algériens originaires de Tlemcen pour une affaire liée au terrorisme. Ils avaient été arrêtés par les services de sécurité marocains en 1994. Notre frère vient de purger plus de quatorze années de prison, et il doit être normalement libérable dans un peu moins de 48 jours ; nous avions toujours entretenu des contacts réguliers avec celui-ci jusqu'à la semaine dernière quand nous reçûmes un coup de téléphone provenant de cette prison marocaine nous informant que notre frère avait reçu, dans sa cellule, au cours de la matinée du 19 août 2009, juste après la prière du fadjr, la visite d'un groupe d'une trentaine de personnes conduit par le directeur de la prison, M. Zihari Abdelhak. Cinq d'entre elles étaient vêtues en civil, cinq autres en tenue de couleur bleue et le restant en tenue de combat militaire, précisait l'informateur au téléphone. “Ces hommes ont encagoulé votre frère et l'ont emmené dans un lieu appelé Djenane El-Karma surnommé aussi la “cage” ou “chambre noire”. On l'y a conduit en vue de lui faire avouer et reconnaître, au moyen de la torture, son implication dans une autre affaire qu'on veut lui faire endosser de force”, a révélé, en outre, le même informateur à la famille Saji. Depuis cette date, “nous sommes restés sans nouvelles et nous sommes désemparés”, se plaignent les membres Saji qui, malgré leurs multiples démarches auprès du consulat du Maroc en Algérie et la Direction générale des prisons au Maroc, ignorent encore à ce jour le sort réservé à leur frère. Les membres de la famille Saji nous font savoir, par ailleurs, que leur frère avait entamé quelques mois avant son “étrange disparition” une grève de la faim afin de protester contre les mauvais traitements infligés par le directeur de l'administration pénitentiaire à l'encontre de détenus algériens. Au bout de vingt-cinq jours de grève, il fut transféré dans une prison à Rabat pour être soumis à un régime encore plus dégradant. Après que nous avons réagi en alertant la presse et le consul du Maroc en Algérie, notre frère, qui continuait d'observer sa grève de la faim, fut aussitôt retransféré vers une autre prison à Meknès”, affirme la famille Saji qui lance un SOS aux hautes instances du pays ainsi qu'aux instances humanitaires nationales et internationales pour qu'une enquête soit ouverte et qui permettra de faire la lumière sur le cas de ce frère toujours porté disparu.