Résumé : Après une longue attente au bord de la route, Aïssa et sa famille sont récupérés par une femme. Cette dernière empeste l'alcool et la cigarette, mais Aïssa n'en a cure. L'essentiel pour lui est de sauver sa famille… 26eme partie Aïssa sentit ses yeux se mouiller. Il repense aux deux agresseurs et aux risques qu'il avait fait encourir à sa famille. Et c'est d'une voix étouffée qu'il se met à raconter l'incident de cette maudite soirée. À la fin du récit, la jeune femme ne parut pas du tout surprise. Elle allume une cigarette et lui lance : - Cela ne m'étonne pas du tout. - Qu'est-ce qui ne vous étonne pas ? - Eh bien, toute cette histoire que vous venez de raconter. Vous n'auriez pas dû prendre ce raccourci ou, à la rigueur, vous n'auriez pas dû vous arrêter. Cet endroit est fréquenté par des voyous et des délinquants. C'est pour cela qu'il y a souvent des barrages de la gendarmerie dans le coin. - Je ne le savais pas. Mon fils a été pris d'un besoin naturel. Aïssa se tait, la gorge nouée. Grâce à Dieu, ses enfants et sa femme s'en sont sortis sans trop de dégâts. Enfin, du moins physiques. Sa femme est tellement traumatisée par ce qui venait de leur arriver qu'elle n'a plus prononcé un mot depuis plus d'une heure La jeune conductrice jette un regard attendri au rétroviseur central aux deux gosses tremblants de peur collés contre leur mère, livide et recroquevillée sur elle-même. - Je suis désolée pour vous et votre famille, lance-t-elle à Aïssa, mais cela vous servira de leçon pour la prochaine fois. Evitez les raccourcis de ce côté-là de la région. Curieux de la voir si sûre d'elle, Aïssa ose l'interroger : - Et vous, comment se fait-il que vous passiez par là ? - Eh bien, j'emprunte rarement cet itinéraire, mais, aujourd'hui, j'ai fait une exception pour déposer un ami qui habite non loin d'ici. - Je comprends, répond Aïssa plus par politesse que par conviction. La jeune femme tire sur sa cigarette et reprend : - Je dois vous paraître curieuse dans ma tenue de soirée. C'est que je reviens d'une fête. - Oui, cela se voit bien, répond Aïssa, en pensant que cette pauvre fille ne disait pas du tout la vérité. Il la soupçonnait plutôt de travailler dans l'une des boîtes de nuit de la côte. Mais, peu importe. En fin de cause, c'est cette femme qui s'est arrêtée à leur niveau pour leur porter secours, avec tous les dangers que cela supposait, et non quelqu'un d'autre. Même pas un homme ! Aïssa se disait que lui n'aurait pas hésité une seconde à s'arrêter devant une famille au bord de la grande route en pleine nuit. Les lumières de la ville attirèrent son attention. Ils seront bientôt chez eux, et il reconnaît qu'ils doivent une fière chandelle à cette femme qui les a récupérés. Sinon que seraient-ils devenus en attendant le lever du jour ? Dieu seul le sait. Et avec tous les agresseurs qui rôdaient aux alentours, il n'aurait pas payé cher de leur sécurité à tous. - Où dois-je vous déposer ? Y. H. (À suivre)