Elle est partout : dans de nombreux quartiers livrés à la merci des gangs ; sur les routes avec son lot de morts hebdomadaires ; dans les enceintes sportives où les hooligans sèment la terreur ; en milieu professionnel avec la prolifération des grèves ; en famille où l'on s'étripe pour de banales histoires d'héritage et autres affaires d'honneur. Les habitants de Dergana, à l'est d'Alger, n'en reviennent pas. Lundi, ils ont été témoins d'une véritable bataille rangée avec des épées et des barres à mines entre deux bandes rivales. Les choses n'auraient certainement pas pris cette tournure dramatique, avec plusieurs blessés dont des cas de coma, si les services de l'ordre appelés à intervenir n'avaient pas laissé faire. Mais au-delà de ce qu'on pourrait considérer comme une défaillance des services de sécurité, c'est d'observer que ce qui s'est passé à Dergana, le quartier de Hassan Hattab, faut-il le rappeler pour la petite histoire, est loin d'être un cas isolé. C'est, au contraire, la énième manifestation d'un phénomène récurrent qui prend des proportions terrifiantes : la violence devenue le moyen d'expression privilégié des Algériens. Elle est partout : dans de nombreux quartiers livrés à la merci des gangs ; sur les routes avec son lot de morts hebdomadaires ; dans les enceintes sportives où les hooligans sèment la terreur ; en milieu professionnel avec la prolifération des grèves ; en famille où l'on s'étripe pour de banales histoires d'héritage et autres affaires d'honneur. Cette violence “facile”, au sens où le passage à l'acte est devenu quelque chose de banal, est la conséquence des années de terrorisme, comme l'expliquait dernièrement le Pr Ridouh dans un long entretien. Avec toutes les pressions, toutes les frustrations que vivent au quotidien les citoyens, c'est autant de facteurs qui représentent des appels d'air pour un surcroît de violence dans notre société, aujourd'hui sérieusement menacée dans sa stabilité. Certes, la police et la gendarmerie sont les garants de cette stabilité, mais au-delà des moyens répressifs qui ne sont qu'une réponse conjoncturelle, un traitement symptomatique, c'est la promotion de la culture du dialogue et la multiplication des canaux de communication qu'il faut pour exorciser les démons qui nous habitent.