Ils ont cinq ans et demi, ils ont effectué leur préscolaire et ils fêteront leurs six ans durant les mois de janvier, février ou mars, mais les services de l'académie refusent de les inscrire sans dérogation délivrée par les inspecteurs de la circonscription. Une situation qui dépend également de la disponibilité des places. Comme à chaque rentrée scolaire, les directions de l'éducation des wilayas sont prises d'assaut par les enseignants, les travailleurs de l'éducation et les parents d'élèves. Ils défilent à longueur de journée, créant ainsi des chaînes interminables pour régler leurs petits soucis de transfert, de demande de contrat d'enseignement ou de changement de poste… Parmi eux, il y a également beaucoup de parents d'élèves qui se déplacent pour demander des dérogations d'inscription pour leurs enfants, car ils n'ont pas l'âge requis. Ces parents d'élèves se sont rapprochés de notre rédaction pour nous expliquer leur problème. Certains directeurs refusent de les inscrire sous prétexte qu'ils n'ont pas 6 ans et n'auront cet âge qu'en janvier, février ou mars prochains. “Je me suis déplacé à cette académie pour une demande de dérogation pour ma fille née le 10 janvier 2004. La directrice de l'école a refusé de l'inscrire, car elle n'a pas encore l'âge requis, d'autant plus que cette année ils scolarisent seulement ceux qui sont nés en 2003”, déclare M. Omar B., parent d'élève. Il explique, cependant, que si sa fille n'est pas inscrite cette année, elle aura une année de retard en comparaison à d'autres enfants de sa génération, car elle fera ses 6 ans en janvier prochain. Mais le cas de M. Omar B, n'est pas unique. Beaucoup d'élèves vivent cette situation kafkaïenne, où pour un mois de plus l'académie vous demande de perdre toute une année. Par ailleurs, même si la loi de la scolarité exige que l'enfant soit inscrit à l'âge de 6 ans, il y a une exception, faite aux enfants dont les parents exercent dans le secteur de l'enseignement. Pour ces cas, il existe un décret ministériel qui stipule que leurs enfants peuvent s'inscrire avec une dérogation délivrée par l'inspecteur de l'éducation exerçant dans la circonscription. Pour les autres citoyens, leurs enfants seront obligés d'attendre une année de plus. “Mon fils est né le 20 février et le directeur de l'école a refusé de l'inscrire sous prétexte qu'il a 5 ans et demi et qu'il n'y a pas de place dans les classes. Le directeur m'a annoncé que mon enfant ne pourra pas être inscrit en ce moment, mais je devrais faire un tour une fois l'année scolaire entamée, peut-être qu'une place serait libre. En attendant, j'ai réinscrit mon enfant en préscolaire, dans une école privée”, précise un autre parent d'élève. De l'avis du ministère de l'Education nationale, la loi est claire. Les inscriptions se font pour les élèves qui ont atteint l'âge de 6 ans ou qui vont les atteindre d'ici la fin de l'année, à savoir le mois de décembre. Pour ceux qui sont nés le premier trimestre, c'est le préscolaire qui les prend en charge. “Lorsque les écoles ne sont pas trop chargées, nous délivrons des dérogations pour les élèves nés au premier trimestre de l'année scolaire, afin de leur éviter d'entrer à l'école avec une année de retard. Dans le cas contraire, nous demandons aux parents de les remettre au préscolaire”, nous explique un inspecteur de l'académie d'Alger-Ouest. Mais il faut dire qu'au niveau du préscolaire, les directeurs des écoles se plaignent de la surcharge des classes et renvoient, à leur tour, les élèves vers les écoles privées. Pourtant, le ministre de l'Education nationale a longtemps insisté sur le respect de l'âge de la scolarisation des élèves, allant jusqu'à décréter une loi qui pénalisent les parents au cas où ils n'inscriraient pas leurs enfants à temps. Mais, jusque-là, il ne s'est jamais penché sur le problème des enfants nés durant le premier trimestre de l'année scolaire. Il est peut-être temps de le faire.