Ce qui s'est passé hier à Oran après les fortes précipitations, estimées à 70 mm, repose avec acuité le problème de la bonne gouvernance d'une ville qui a de tout temps échappé aux règles élémentaires d'une gestion urbaine selon les normes reconnues. Les Oranais ont découvert, avec effroi et résignation, le triste sort dévolu à leur ville qui s'est noyée sous l'eau de pluie, obstruant au passage plusieurs principaux axes de circulation. Ainsi, au niveau de presque chaque rond-point, et la ville en compte, la circulation était bloquée, créant des embouteillages sur plusieurs kilomètres. Ce trop-plein de voitures empruntant le troisième périphérique, coupé à la circulation au niveau de la trémie de la cité Djamel, a dû se rabattre sur les axes urbains, ce qui a accentué l'encombrement dans certaines rues de la ville. Selon les services de la protection civile, les routes qui ont été obstruées se situent au niveau des cinq principaux accès à la ville. Il s'agit des carrefours situés au niveau de la daïra d'Es-Sénia, la commune de Sidi-Maârouf et les quartiers Usto et Djamel-Eddine où une trémie submergée par les flots a été fermée à la circulation, en sus de la route donnant accès au port d'Oran. Des témoignages font état d'une eau qui a atteint hier un niveau de plus d'un mètre dans cette trémie en question, emprisonnant même des citoyens dans leurs véhicules, ce qui a nécessité la mobilisation des moyens de la protection civile et le secours de citoyens ordinaires. Le quartier d'El-Barki, en butte depuis des années à un véritable problème de réseaux d'assainissement, s'est retrouvé les pieds dans l'eau dès les premières gouttes de pluie. Les maisons ont été submergées d'eau boueuse. Cette situation est également à retrouver au niveau des communes périphériques où le quartier El-Amel dans la localité Ennadjma a été noyé sous les flots, ce qui a nécessité l'intervention des éléments de la protection civile et les services techniques de la commune de Sidi-Chahmi dont relève cette localité et ceux de la Société des eaux et de l'assainissement d'Oran (Seaor) pour évacuer les eaux des habitations. Au quartier de l'Usto, pratiquement toutes les routes étaient submergées par les eaux de pluie, entraînant des bouchons énormes au niveau de la circulation automobile à tel point, par exemple, qu'au niveau du rond-point dit “Nekkache”, il fallait parfois plus d'une heure pour parcourir un tronçon de quelques centaines de mètres. À hauteur de la cité AADL, située en face de l'université Mohamed-Boudiaf, plusieurs véhicules et même un bus se sont retrouvés piégés dans ce qu'il convient de qualifier littéralement de véritables lacs artificiels. D'autres automobilistes, ignorant les spécificités des routes oranaises, se sont fait piéger, tombant dans de véritables tranchées creusées pour des travaux qui semblent durer pour l'éternité. Cette pluie a mis à nu les carences déjà existantes d'un système d'évacuation peu fiable. Les Oranais s'interrogent sur les leçons des années précédentes qui, de toute façon, n'ont pas été assimilées par les responsables locaux. Les avaloirs existants tout au long des routes restent, pour la plupart, non fonctionnels à cause de l'absence ou du mauvais entretien périodique et systématique des collecteurs des eaux usées et de pluie, ainsi qu'au curage des avaloirs et autres bouches d'égout. Par ailleurs, les services de la protection civile d'Oran ont effectué, dans la nuit de mardi à mercredi, 55 interventions à la suite des intempéries qui ont frappé la région. Comme première solution urgente, il a été décidé de réactiver les cellules de crise au niveau des communes de la région, particulièrement celles durement touchées par ces précipitations à l'instar d'Oran, Bir El-Djir, Es-Sénia, Misserghine et Sidi-Chahmi à l'effet de prendre les dispositions et d'intervenir au niveau des axes routiers et des quartiers d'habitation.