En procédant au lancement de missiles de longue portée, capables d'atteindre Israël, Téhéran a adressé un avertissement aux pays occidentaux en général et à l'Etat hébreux en particulier, contre toute idée d'attaquer ses installations nucléaires. En réponse à l'agitation des responsables israéliens, désireux d'obtenir le feu vert pour bombarder les sites nucléaires iraniens, notamment après la découverte d'une nouvelle usine d'enrichissement de l'uranium, les autorités de Téhéran ont annoncé avoir testé hier avec succès au lancement de missiles de longue portée, capables d'atteindre Israël, au second jour des exercices balistiques entamés la veille. Il s'agit d'un avertissement direct, comme l'avait affirmé juste avant le début de l'opération le commandant des forces aériennes des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, que Téhéran répondrait à toute menace de manière “destructrice”. C'est cette même source qui a indiqué à la télévision iranienne en langue arabe Al-Alam que “les forces armées ont procédé avec succès lundi au tir d'un missile Ghadr-1, une version améliorée du Shahab-3, et d'un missile Sejil à deux étages utilisant du combustible solide”. Le missile Ghadr-1, d'une capacité de 1 800 km, est une version améliorée du missile Shahab-3. Quant au Sejil, c'est un missile d'une portée de 2 000 km, à “deux étages avec deux moteurs, utilise du combustible solide combiné et possède des capacités extraordinaires”, comme l'avait déclaré l'ancien ministre de la Défense, Mohammad Ali Najar. Pour information, Sejil est un terme coranique se référant aux cailloux lancés par des oiseaux envoyés par Dieu pour vaincre une armée d'éléphants avec lesquels le roi du Yémen voulait détruire La Mecque il y a quatorze siècles. Il ne fait aucun doute que les deux missiles peuvent atteindre le territoire israélien distant d'environ 1 000 km de l'Iran, d'où la certitude que cette démonstration de force est destinée directement à l'Etat hébreux, dont les dirigeants n'ont cesse de solliciter le feu vert des Etats-Unis pour attaquer les installations nucléaires iraniennes. C'est ce qui ressort des déclarations du commandant Salami, qui a affirmé à l'agence Irna : “Face aux menaces contre l'existence, l'indépendance, la liberté et les valeurs du régime, notre réponse sera directe, ferme et destructrice.” Tout en soulignant qu'il ferait regretter à l'ennemi ses menaces. Israël et les Etats-Unis n'ont pas exclu l'option militaire face au programme nucléaire iranien. Interrogé à propos d'éventuels liens entre ces exercices balistiques et l'annonce vendredi de la construction d'un nouveau site d'enrichissement d'uranium par l'Iran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, a déclaré qu'“il n'y en avait aucune”. Il se limitera à faire remarquer : “Comme vous le savez, il s'agit des exercices Grand Prophète-4. Le chiffre 4 signifie que c'est la quatrième année que de tels exercices sont organisés. Il s'agit d'exercices défensifs.” Selon lui, la nouvelle usine en construction près de Qom “ne viole aucune loi internationale. Les pays occidentaux se livrent à des commentaires qui ne sont pas réalistes”. D'ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait annoncé vendredi que l'Iran l'avait informée de la construction de cette nouvelle usine en plus de celle de Natanz, ravivant les inquiétudes des pays occidentaux. Merzak Tigrine