Trois mois environ après la fin “officielle” des combats en Irak, le président américain et le premier ministre britannique sont en chute libre dans les sondages. Pis, la situation n'augure rien de bon à Bagdad, où le sentiment d'hostilité vis-à-vis des forces de l'occupation prend de l'ampleur jour après jour. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne veulent maintenant associer l'ONU à l'opération pour impliquer la communauté internationale. Politiquement, rien ne va plus pour George Bush et son fidèle allié Tony Blair. Les deux hommes, qui caracolaient il y a à peine deux mois en tête des sondages d'opinion, arrivent difficilement à atteindre la moyenne ces derniers temps. Seulement, 50% des Américains pensent que leur président a bien agi en Irak, contre près de 70% en avril. Idem pour le Chef du gouvernement britannique, dont deux tiers de ses compatriotes n'ont plus confiance en lui. Ce sont-là les résultats des derniers sondages réalisés aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. La situation sécuritaire prévalant actuellement en Irak, à l'origine de la mort d'une trentaine de soldats US, n'a pas manqué d'altérer la cote de popularité de George Bush. Même si dans les milieux politiques américains on estime encore intactes les chances de l'actuel locataire de la Maison-Blanche de décrocher un second mandat, il n'en demeure pas moins que dans le camp des démocrates, l'on s'attelle à refaire le retard sur le candidat républicain, en prévision des présidentielles de novembre 2004. La récente polémique avec le directeur général de la CIA sur les intentions de l'Irak d'acquérir de l'uranium enrichi au Niger, même si Bush a tout fait pour la passer sous silence, a terni davantage son image devant le peuple américain. En Grande-Bretagne, Tony Blair n'est guère mieux loti. Le décès suspect du savant chercheur David Kelly n'a pas arrangé la situation pour le Premier ministre. Cette mort, qui a suscité de nombreux appels à la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, a considérablement fragilisé la position du patron des travaillistes. Il est question aujourd'hui de démission de Tony Blair. Interpellé sur cette question, au Japon où il était en visite, par un journaliste qui lui demandait “s'il avait du sang sur les mains”, le chef du gouvernement britannique n'a pas répondu. Il s'est également tu sur son éventuelle démission. 60% des Britanniques estiment que Tony Blair doit quitter la scène politique. C'est dire la mauvaise posture dans laquelle se trouve aujourd'hui le locataire de Downing Street, tout autant que son ami George Bush. Les deux hommes subissent un retour de manivelle de leur décision en mars dernier de faire la guerre à l'Irak, sans mandat des Nations unies. De l'absence de légitimité de leur action a résulté un sentiment d'hostilité chez le peuple irakien, lequel, bien que débarrassé d'un dictateur, n'accepte pas l'occupation de son territoire par des forces étrangères. Conséquence : les soldats américains sont harcelés quotidiennement. Cela est loin d'être toléré aux Etats-Unis, ni en Grande-Bretagne. Bush et Blair perdent ainsi beaucoup de points auprès de leur électorat. Leur avenir politique est de plus en plus incertain, alors qu'il y a à peine quelques mois, les deux hommes rivalisaient au sommet des sondages d'opinion. K. A. Des responsables irakiens devant le Conseil de sécurité Une délégation du Conseil de gouvernement transitoire irakien, nouvellement installé, prendra la parole demain devant le Conseil de sécurité de l'Onu, a affirmé hier un porte-parole de l'Onu à Bagdad. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a “invité la délégation à prendre la parole en tant qu'individus devant le Conseil”, a souligné Ahmad Fawzi, porte-parole du représentant spécial de l'Onu en Irak, Sergio Vieira de Mello. En outre, a-t-il dit, l'organe exécutif irakien a transmis une demande en ce sens, samedi dernier, au ministre espagnol des Affaires étrangères Ana Palacio, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité, qui a accédé à sa demande. Selon les règlements du Conseil, seuls des représentants de pays reconnus par l'Onu peuvent s'adresser au Conseil. Néanmoins, le secrétaire général a le droit d'inviter des individus ou des parties à prendre la parole, et il a usé de ce droit, a poursuivi M. Fawzi. La délégation, qui se rend aujourd'hui à New York, comprend trois membres : M. Adnane Pachachi, Mme Akila Hachimi et M. Ahmad Chalabi.