Confrontés à un mouvement larvé de contestation de la politique de gestion du groupe, tant au niveau du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, qu'à celui des sites miniers de Boukhadra et d'El-Ouenza, les responsables d'ArcelorMittal Algérie ont été amenés à réviser leur programme dans l'urgence, en ce début de semaine. Les principaux cadres expatriés du groupe, dont le nouveau directeur général des mines Jean Fortin, ainsi que des émissaires du géant mondial de l'acier, venus tout spécialement du Luxembourg, sont en réunion au sein de la direction générale d'Annaba, depuis avant-hier. Des sources proches du complexe sidérurgique affirment que cette réunion des états-majors d'ArcelorMittal aurait été décidée par le P-DG représentant du groupe en Algérie, Vincent Legouic lui-même, suite à la réaction aussi virulente que simultanée des syndicats d'entreprise d'Annaba et de Tébessa à l'annonce des mesures de compression de 1 500 postes de travail des usines d'El-Hadjar et du programme d'exploitation hors normes des gisements d'El-Ouenza et Boukhadra pour l'exercice 2010. Nos sources rappellent que dans les deux cas, les représentants des métallurgistes et des mineurs ont opposé un refus catégorique aux desseins des responsables d'ArcelorMittal, et ils ont notamment menacé de se mettre en grève si ceux-ci persistaient dans leur attitude. S'agissant de la réduction des effectifs du complexe, la direction générale de l'entreprise avait démenti toute velléité de mise en branle d'un plan social dans l'immédiat, mais n'a pas écarté l'éventualité d'un “dégraissage” progressif de ses effectifs en Algérie par des départs en retraite anticipée ou sous forme de départs volontaires, ceci à compter de 2010. Vincent Legouic a expliqué la nécessité de ces mesures de réduction des effectifs par un souci de survie de l'outil de production, les résultats de production et de productivité du complexe d'El-Hadjar étant très en deçà de ceux en vigueur dans les autres entités du groupe au niveau mondial. Pour ce qui est du programme de production préconisé par ArcelorMittal Tébessa pour l'année prochaine, le syndicat des mineurs, avec à leur tête leur président Laïchaoui, a énergiquement rejeté tout plan d'exploitation qui ne tiendrait pas compte de la preservation des gisements d'El-Ouenza et de Boukhadra, en ce qui concerne les ratios de couverture. “Mais pas seulement, soutenait hier un des membres du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal, nous avons demandé au nouveau DG des mines de faire procéder à la remise en état, dans un premier temps, de tout le parc de manutention et de transport, qui est immobilisé à 80%, dans le meilleur des cas. Nous avons demandé également un audit sur la situation comptable et financière de l'entreprise afin de l'assainir et avoir une vision la plus claire possible des perspectives d'avenir.” Notre interlocuteur nous informera, par ailleurs, qu'une enquête déclenchée par le partenaire algérien d'ArcelorMittal Tébessa est en cours et que des inspecteurs dépêchés depuis Alger ont épluché, au début du mois d'octobre passé, les registres de production et les livres comptables de l'entreprise. Lesdits inspecteurs se seraient particulièrement intéressés au chapitre des frais de mission distribués complaisamment durant les week-ends par la direction à des cadres résidant à Annaba et au cas de certains employés en situation de maladie mais qui continuaient de percevoir intégralement leur salaire.