Considéré comme l'événement judiciaire de la rentrée à Annaba, le procès de l'affaire dite des thoniers turcs s'est ouvert, hier matin au niveau du tribunal d'instance de cette ville, presque à huis clos, n'était la présence des journalistes venus en force et d'une dizaine de curieux, des étudiants en droit ou des avocats stagiaires. Compte tenu de l'importance qui a été accordée à cette affaire d'atteinte à l'économie nationale par la cour d'Annaba, l'un des magistrats les plus connus sur la place locale, M. Benbakir Moncef a été désigné pour diriger les débats qui s'annoncent longs au vu du nombre de témoins cités à la barre, dix, en tout, dont six Turcs aux côtés de deux armateurs algériens, du secrétaire général et du directeur des pêches du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. On notera aussi que le siège du ministère public a été occupé exceptionnellement pour ce procès par le procureur de la République de ce même tribunal, en personne. L'arrêt de renvoi contient pas moins de trois chefs d'accusation, à savoir pêche illicite dans les eaux territoriales algériennes, contrebande et falsification de registres contre MM. Oghlou Hassan Chirif, Iddiz Mustapha, Blibel Iroll et Certer Iroll contre les ressortissants turcs, pêche illicite contre MM. Saâdoun Maâmar et Saâdoun Hachemi, les deux armateurs algériens propriétaires des navires “El Djazair 2” et “Chehid Raïs Hocine” et finalement détournement de fonctions et octroi d'avantages au profit de tiers sans permis de pêche à l'encontre de MM. Boudamous Fateh et Allam Kamel. L'affaire remonte, rappelons-le, au 10 juin dernier, lorsque les garde-côtes de la station maritime principale d'Annaba, agissant sur information, avaient arraisonné au large des côtes annabies, 3 bateaux turcs avec 210 tonnes de thon rouge pêchées dans les eaux territoriales algériennes et vendues par un bateau algérien, en l'occurrence “El Djazaïr”. L'armateur du bateau-thonier turc “Aquadem II” M. Oghlou, qui a été le premier à répondre aux questions du président du tribunal, dès l'ouverture du procès, semblait très éprouvé par cette comparution. L'audition de M. Oghlou prit d'ailleurs l'essentiel du temps de l'audience de la matinée, et ce, jusqu'à 13h30 avant que le tribunal ne demande une suspension de séance d'une heure. Optant d'emblée pour une attitude de défense, ce dernier tenta par tous les moyens d'éluder les questions pourtant bien clairement posées par le juge. Malgré l'assistance d'un interprète, il montra des signes d'incompréhension lorsque le magistrat essaya de savoir si lui et son équipage étaient munis d'une autorisation officielle des autorités algériennes lorsqu'ils ont été arraisonnés au large des côtes algériennes avec leur cargaison de thon rouge vivant. Il se montra incapable de dire clairement si les quantités pêchées étaient bien le fruit d'une capture de l'armateur algérien ou s'il avait lui-même procédé à cette prise par ses moyens propres. Il en fut ainsi entre questions précises et dérobades jusqu'à ce que le tribunal se retire. Le reste de l'après-midi sera ainsi consacré à l'audition des autres ressortissants turcs qui étaient accompagnés par leur ambassadeur en Algérie, comme pour les autres fois, à chacune des étapes de cette affaire, faut-il le signaler.