Appelant les Etats-Unis et les Nations unies à s'impliquer davantage dans le règlement de cette question, l'économiste américain estime que c'est la seule solution qui permettra aux pays du Maghreb de sortir de l'impasse. Intervenant dans un symposium co-organisé par le Centre des études arabes contemporaines de Georgetown University et la Banque mondiale à Washington sur les développements politiques et économiques en Afrique du Nord, en présence de nombreux responsables de plusieurs départements ministériels américains, des diplomates, des chercheurs et des étudiants, Stuart Eizenstat n'a pas hésité à désigner le conflit du Sahara occidental comme principale source de blocage de l'intégration économique maghrébine. Selon lui, “les Etats-Unis et les Nations unies doivent continuer à jouer un rôle actif pour aider les parties à aboutir à une solution où il n'y aura que des gagnants”. L'ex-sous secrétaire d'Etat américain affirme que malgré le fait que les pays de la région ont fait des pas vers l'intégration au lendemain de leur indépendance, l'émergence du conflit sahraoui a ralenti, voire anéanti leurs efforts. Il pense qu'“il est plutôt essentiel de consolider les contacts entre les peuples, de renforcer les liens entre les secteurs privés, d'édifier les institutions nécessaires et de s'engager dans des projets régionaux d'infrastructure”, pour que l'intégration régionale soit irréversiblement mise sur les rails, car il ne suffit pas d'avoir des accords régionaux au niveau gouvernemental. Au cours de son intervention, Eizenstat a indiqué que l'ouverture des frontières, la mise en place de centres régionaux de formation et de recherche, et d'institutions financières conjointes sont des mesures “tangibles et nécessaires”, à même de relancer le processus d'intégration. Poursuivant, l'auteur d'une initiative qui porte son nom et qui appelait essentiellement à un partenariat dynamique multilatéral basé sur un renforcement permanent des liens économiques au Maghreb a affirmé que “pour tirer des bénéfices des accords d'association signés avec l'Union européenne et l'accord de libre-échange maroco-américain, il est dans l'intérêt des pays maghrébins de promouvoir les échanges entre eux, ainsi qu'avec l'UE et les Etats-Unis”. Pour rappel, son initiative de partenariat économique entre les Etats-Unis et le Maghreb, annoncée en juin 1998, proposait, entre autres, le renforcement du dialogue au plus haut niveau, l'accélération des réformes structurelles dans chacun des pays maghrébins, un rôle accru pour le secteur privé et le démantèlement des barrières intra-régionales qui entravent le commerce et les investissements. Stuart Eizenstat a averti qu'un marché nord-africain fragmenté n'attirera pas les investisseurs étrangers. Seule l'intégration régionale économique pourrait engendrer un grand marché régional de plus de 75 millions de consommateurs, qui engrangerait des bénéfices substantiels et rendrait la région plus attrayante pour les investisseurs. D'ailleurs, il a appelé les responsables de son pays à poursuivre l'intensification de leurs activités commerciales dans la région. Il a justifié son appel par le fait que les importations américaines du Maghreb ont augmenté de 3,26 milliards de dollars, en 2000, à 14,76 milliards en 2006. K. ABDELKAMEL