“Nous dérangeons !” Dans la bouche d'un wali de la République, cela ressemble à un séisme. Les émeutes cycliques, qui sont nées dans certains quartiers de Tizi, ponctuées de fermeture de routes semblent agacer les responsables locaux. C'est ce qui a été à l'origine de ce coup de sang du wali de Tizi Ouzou. Hier, en marge d'un conseil de wilaya consacré à la daïra d'Ouaguenoun, le wali de Tizi Ouzou a tenu à remettre les pendules à l'heure au sujet des foyers de tension qui se multiplient dans la région. Pour le premier magistrat de la wilaya, le langage de la rue ne donne pas forcément raison. Le blocage récurrent des axes routiers, devenu une marque de fabrique de la région allant jusqu'à contaminer y compris des quartiers chics de la ville des Genêts, a fait sortir le chef de l'exécutif de wilaya de ses gonds. Il a d'abord fait appel à la force publique pour empêcher les fermetures récurrentes des routes, comme cela a été le cas avant-hier en plein centre-ville de Tizi Ouzou. “Le problème des manifestants de la cité des Eucalyptus qui concerne l'indemnisation de six véhicules utilitaires ne peut pas être pris en charge par le décret exécutif 99-47, qui ne prévoit pas l'indemnisation de véhicules à caractère commercial”, explique M. Hocine Mazouz, dans une sèche mise au point. Par contre, poursuit le même orateur, les 28 véhicules personnels ont été effectivement indemnisés, conformément au même décret exécutif. Concernant les revendications d'aménagement urbain soulevées bruyamment par certains quartiers qui ont recouru à l'action de rue, M. Mazouz affirme que le programme d'amélioration urbaine concernera tous les quartiers de la ville, en procédant par étape, d'autant plus qu'aucun quartier n'est aménagé. Aux yeux du wali, ce programme pluriquinquennal dérange visiblement. Pour le premier responsable de la wilaya, le fait que les quartiers manifestent la veille même du début des travaux donne à réfléchir. Il cite l'exemple d'un quartier qui a barré la route le jour même où l'ODS (Ordre de service) a été remis à l'entreprise chargée de réaliser les travaux dans le même quartier. Notre interlocuteur croit déceler là une manipulation qui ferait croire à l'opinion que c'est grâce à l'action de la rue que le chantier a démarré. Histoire de pousser les autres quartiers à utiliser la force pour se faire entendre. Autre exemple : la fermeture de la RN12, hier, à Oued Aïssi, suite à l'incendie qui a affecté la base Pascal. Selon M. Mazouz, les occupants de la cité ont refusé de quitter les lieux, en exigeant des logements sur-le-champ. Cela ne marche pas comme cela, tempête le wali, qui précise que “les interpellés vont passer en justice”. Les pouvoirs publics ont engagé un important programme d'amélioration urbaine, du fait du retard accusé en la matière. “Aujourd'hui, la situation s'est nettement améliorée”, reconnaît l'intervenant qui brandit les 2 800 opérations engagées dans le cadre de ce programme qu'il dit “ambitieux”.