L'Union pour la Méditerranée, cette initiative qui tenait tant à cœur au président français Sarkozy, qui l'a d'abord conçue comme un projet qui lui assurerait cette prospérité chère à tous les acteurs politiques de haut niveau, ressemble chaque jour davantage à un échec personnel et, occasionnellement, à un boulet qu'il est contraint de traîner. Depuis qu'il en a lancé l'idée, dès le début de son mandat présidentiel, rien ne s'est vraiment passé comme il le souhaitait. Il y eut d'abord l'intervention intempestive d'Angéla Merkel qui, en imposant l'adhésion de l'ensemble de l'Union européenne, a dénaturé le projet dont le nom a été changé, passant de l'Union méditerranéenne à l'Union pour la Méditerranée. Il y eut ensuite le peu d'enthousiasme, les hésitations, voire le scepticisme de certains pays de la rive Sud, à l'instar de l'Algérie dont l'adhésion a mis du temps à se dessiner et de la Libye qui n'a assisté aux assises parisiennes qu'à titre d'observateur. Il y eut, enfin, l'agression israélienne de la bande de Gaza dans le cadre de l'opération "Plomb durci", qui a durablement "plombé" l'organisation naissante. Israël étant un membre à part entière de l'UPM, des pays arabes ont demandé et obtenu une suspension institutionnelle en guise de protestation contre la guerre de Gaza. Bon an mal an, l'organisation tente, depuis quelques mois, de reprendre de l'activité. Un conseil ministériel était prévu pour le début du mois de novembre à Istanbul, en Turquie. Mais, fatalité ou résultat d'une approche approximative qui a boudé certaines réalités, cette rencontre est à son tour sérieusement compromise. Encore une fois, Israël est au centre du contentieux. L'Egypte, un des membres les plus enthousiastes après la France et qui assure la vice-présidence de l'organisation, menace de boycotter les retrouvailles d'Istanbul à cause de la présence programmée du très controversé ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman. De plus, rien ne va plus dans les relations entre Israël et la Turquie, pays hôte de la réunion. Ankara, seule capitale musulmane à entretenir une coopération militaire avec Tel-Aviv, a refusé, récemment, la présence d'unités israéliennes sur ses eaux territoriales, dans le cadre d'exercices des forces de l'OTAN. La tension entre les deux pays s'est fait jour, dans la foulée de la guerre de Gaza, à l'occasion d'un débat télévisé en Suisse auquel participaient les deux présidents. Le chef d'Etat turc a quitté la table en dénonçant la partialité du modérateur, qui a tenté de l'empêcher de répondre à des propos tendancieux du président israélien, Shimon Pérès. En Israël, l'hostilité à l'égard de la Turquie va grandissante. Tandis que certains préconisent de ne plus importer le café turc, d'autres appellent au boycott de la destination touristique du pays du Bosphore, très prisée des Israéliens. Dans de telles conditions, au regard des tensions multidirectionnelles qui minent l'atmosphère générale sur fond du rapport Goldstone, à imaginer même que le conseil ministériel de l'UPM finisse par se tenir à la date et au lieu dits, quelles avancées, et encore moins, quels succès pourraient en attendre les organisateurs ? La voix de la France, initiatrice du projet, se fait étrangement discrète pour la circonstance. Lorsqu'on sait que quinze mois après ses premières assises, l'Union pour la Méditerranée n'a toujours pas son secrétaire général et que le seul candidat au poste, le Jordanien Ahmad Massadeh, ne fait pas l'unanimité, toutes les interrogations deviennent légitimes quant à l'avenir de l'organisation qui, décidément, fait du sur place.