Le pire a été évité de justesse hier matin, grâce notamment au sang-froid des services de sécurité qui ont réussi à calmer la colère de centaines de jeunes descendus dans la rue au niveau de la mairie et du Cours de la Révolution, en raison des reports consécutifs de l'attribution de contrats de travail DAIP qu'on leur avait promis sans faute pour ce mercredi. Après un premier rassemblement pendant plusieurs heures devant la mairie, ils devaient bloquer le Cours vers 12h pendant près d'une heure, entourés d'un imposant dispositif de sécurité, tandis que des policiers en civil tentaient de leur parler et de les calmer. La circulation a été déviée à ce niveau, et les protestataires ont fini par se regrouper à quelques mètres de là, devant le tribunal. Leurs revendications tournent autour des promesses non tenues par les services de l'emploi, comme ils étaient unanimes à le déclarer avec véhémence, accusant au passage le “bakchich” que certains leur auraient demandé pour l'obtention des contrats. Véhéments, hors d'eux, ce sont, d'après leurs déclarations, les jeunes qui occupaient initialement les étals du marché informel d'El-Hattab, et la majorité d'entre eux habitent les cités populaires de la Plaine-Ouest. “Nous avons été enregistrés au bureau de l'emploi de la place d'Armes où l'on nous a orientés, depuis le 7 octobre, et chaque jour, les employés de ce bureau nous disaient de revenir. On nous a donné comme dernier délai aujourd'hui mercredi, mais à notre arrivée, on nous a dit d'attendre encore 20 jours ou 1 mois”, a déclaré un ancien vendeur de cigarettes. Et tous de déballer leur mal-vie, leur ras-le-bol de chômeurs chroniques : “Qu'on nous exporte, qu'on nous mette dans un bateau et qu'on nous emmène à l'étranger, puisque nous ne pouvons vivre dans notre pays !” s'est écrié un autre jeune, qui vient de finir son Service national, exhibant ses papiers. Parmi eux, plusieurs harragas qui ont été récemment refoulés par les garde-côtes. Et de révéler, selon eux, que certains bénéficiaires de contrats ne sont pas des chômeurs, “il y a même des chauffeurs de taxi, des employés d'administration”. “Nous demandons une enquête sur les 1 000 derniers contrats DAIP distribués.” Un autre devait hurler : “Qu'on nous donne à nettoyer des égouts, à désherber n'importe quoi, pourvu qu'on travaille, on est des fils de famille, on ne veut pas aller vers la délinquance, c'est Bouteflika qui nous donne ces contrats, pourquoi nous en priver ?” “Ce sont toujours les filles qui bénéficient de contrats, ce n'est pas normal.” Un autre devait parler de ses trois autres frères chômeurs, et de sa maison qui risque de s'effondrer. Vers 13h30, le mouvement devait finir par s'essouffler, et la circulation a repris normalement. Entre-temps, cinq représentants de ces chômeurs ont été reçus par la wilaya où ils ont eu l'assurance que leur problème sera réglé très rapidement. Ce qui ramènera le calme