Malgré la multiplication des barrages de contrôle, les actions terroristes qui ciblent généralement les services de sécurité ne cessent de se multiplier sur les routes de la région. Emprunter une quelconque route dans la wilaya de Tizi Ouzou, de jour comme de nuit, est devenu décidément une entreprise non sans grand risque, et que l'on ne peut tenter sans peur au ventre, puisque, après chaque virage, l'on ne cesse de se demander si au prochain tournant l'on ne serait pas pris pour cible ou une victime collatérale d'attentat terroriste ou d'un faux barrage qui se perpètre à une cadence de plus en plus effrénée. Bien que le maillage sécuritaire, visible à travers la multiplication des barrages fixes ou occasionnels des services de sécurité, tous corps confondus, donne une nette impression que le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou est depuis quelque temps fortement sécurisé, les actions terroristes qui ciblent généralement les services de sécurité mais qui font, souvent, des victimes civiles, ne cessent de se multiplier sur les routes de la wilaya qui sont transformées par les criminels du GSPC en un véritable coupe-gorge depuis déjà plusieurs années, et de façon plus particulière ces derniers mois, soit depuis que les islamistes armés, étant aux abois, s'attaquent à tout ce qu'ils croisent sur leur route. En décembre 2008, les acolytes d'Abdelmalek Droukdel, qui avaient enregistré déjà à l'époque de grosses pertes en matière d'effectifs dont une dizaine d'“émirs” des plus redoutables, et aussi de logistique, notamment après l'élimination, en novembre 2008, du trésorier de cette organisation criminelle, Hamid Saâdaoui, ont mis en ligne un communiqué mettant aux “bancs des accusés” tous ceux qui collaborent de près ou de loin avec les services de sécurité et, faute de moyens, ont été contraints de renoncer aux attentats kamikazes et adopter de nouvelles méthodes consistant en des attentats individuels, les faux barrages et les attentats à la bombe généralement actionnées à distance pour éviter de se retrouver face à face avec les services de sécurité et donc d'enregistrer de nouvelles pertes dans leurs rangs. Ainsi donc, en dépit des opérations de ratissage qui se mènent de façon quasi permanente contre les maquis terroristes en Kabylie, les groupes islamistes armés ne ratent aucune faille dans le dispositif sécuritaire et aucune baisse de vigilance pour poursuivre leurs actions criminelles. Pourchassés des centres urbains et ne pouvant plus investir les grands axes routiers, les islamistes armés choisissent les routes désertes, sinueuses, escarpées et surtout peu sécurisées des localités isolées, et proches des impénétrables maquis de la région pour mettre à exécution leurs plans criminels. C'est d'ailleurs exactement ce qui s'est produit jeudi dernier, vers 7h15, sur le chemin de wilaya 147, reliant la commune de Souk El-Tenine à celle de Mechtras où 7 agents de sécurité d'une société privée de gardiennage chargée de sécuriser les chantiers relevant du projet de transfert des eaux du barrage Koudiet Acerdoune, que réalise la société canadienne SNC-Lavalin, vers les localités du sud de la wilaya de Tizi Ouzou ont été tués et 2 autres, dont le chauffeur qui n'est autre qu'un transporteur de voyageurs, ont été grièvement blessés et toutes leurs armes ont été emportées par les terroristes. Il y a moins d'une dizaine de jours, un policier a été tué par un groupe terroriste dans la localité enclavée d'Aït Toudert, dans la daïra des Ouacifs, où quelques semaines auparavant, deux tentatives avortées de kidnapping, dont les auteurs étaient armés de kalachnikovs, ont été enregistrées. Vers la fin du mois de septembre, dans la même région des Ouacifs, un militaire a été tué suite à l'explosion de son propre véhicule piégé par des terroristes durant son absence. Le lendemain, une patrouille militaire, qui a lancé une opération de recherche dans les environs, ont fait l'objet d'un attentat à la bombe au cours duquel 6 militaires ont été blessés. Dans la même semaine, un policier a fait l'objet d'un attentat individuel à Souk El-Tenine et s'en est sorti avec une blessure à la jambe. Plusieurs militaires ont été également tués entre-temps dans des opérations de ratissage menées entre autres, il y a deux semaines à Aït-Yahia-Moussa, dans la région de Drâa El-Mizan, des Ouacifs et Mizrana. Plusieurs affaires d'enlèvement, dont ont été victimes deux commerçants de Béni Zmenzer et Talla Khelil ont été enregistrées ces deux derniers mois sur les routes de Tizi Ouzou. En tout cas, à la lumière de la longue série d'attentats enregistrés dans la wilaya de Tizi Ouzou ces derniers mois, il est facile de constater un changement de stratégie dans le cadre de laquelle les attentats individuels, perpétrés généralement dans les régions à faible couverture sécuritaire avec tellement de précision sur la cible qu'il est facile de deviner que les réseaux de soutien au terrorisme continuent de jouer un rôle important. Des attentats individuels que les services de sécurité expliquent par la reprise du contrôle des maquis par les anciens éléments du GIA qui ont repris les vieilles méthodes des années 1994 et 95.