Au-delà du bilan du Groupement de la Gendarmerie nationale (GGN) de Batna, l'objectif est d'arrêter les personnes recherchées par la justice et les services de sécurité. En plus des saisies opérées, ce sont 25 individus activement recherchés qui seront présentés devant le procureur de la République. La capitale des Aurès renoue de plus en plus avec la sérénité qui l'a toujours caractérisée. Mercredi dernier, quand nous sommes arrivés à Batna (près de 500 km d'Alger), le climat semble plutôt calme. Froid oblige, en sus de la spécificité sociologique de la région réputée pour sa tranquillité, les Batnéens vaquent à leurs occupations, des parents sont postés devant les écoles pour récupérer leur progéniture, et ce, au moment où les gendarmes sécurisent l'itinéraire du rallye touristique qui traverse la wilaya pour rejoindre Skikda. Et si la menace criminelle n'est pas perceptible à première vue à Batna, qui prépare activement les festivités du 1er Novembre 1954, il n'en demeure pas moins que les réseaux organisés planifient des trafics sur l'ensemble de sa périphérie. Itinérant, le crime plane toujours. En attestent les 50 offensives enregistrées contre les noyaux durs de la criminalité et de la délinquance, selon le chef d'état-major au GGN, le commandant Adel Ghlamallah. Et sur les 70 individus appréhendés, 29 sont activement recherchés par la justice sur l'ensemble du territoire national. En fuite depuis des lustres, ils tombent entre les mains des gendarmes, des centaines d'hommes mobilisés pour donner un coup de pied dans la fourmilière. Des armes blanches, des tonnes de ciment, de la drogue et passons, le patron du GGN de Batna, le colonel Mustapha Lalmas, avoue que ces poches du crime organisé ont été démantelées dans leur totalité. Des opérations coup-de-poing qui mettent fin aux incessants réseaux de criminels, mais aussi aux associations de malfaiteurs qui naissent pour prendre le relais et dont la corrélation avec le crime organisé est avérée. Pour preuve, l'offensive de jeudi dernier est précédée d'opérations ponctuelles, simultanément ciblées avec la mobilisation de 530 gendarmes relevant de toutes les compagnies locales. Le bilan viendra, certes, mais l'objectif est d'arrêter les personnes recherchées par la justice et les services de sécurité. Autant la prévention transcende, autant les offensives données dans les Aurès restituent le droit de vivre dans les zones reculées où les populations sont en proie, et au quotidien, au diktat des criminels. Et Batna regorge de tentatives de criminalité, de complicités et d'atteintes à l'ordre et à la sécurité publique dès que cette wilaya historique accueille un grand trafic routier de par sa proximité avec les wilayas de l'Est et des Hauts-Plateaux, d'une part, et sa liaison directe avec 10 routes nationales, dont la RN3 constitue le point de chute de tous les trafics, d'autre part. Ici, nous dit-on, ce sont deux tiers des crimes et délits qui sont enregistrés. Mais il y a aussi l'axe Batna – Barika. “Axe du mal ?” Pas à ce point ! Quand bien même les Aurès refusent cette étiquette et ces clichés, le crime organisé est itinérant. Jugeons-en selon les affaires (94) liées au crime organisé et les arrestations opérées (111) durant les six premiers mois. Au total, ce sont 6 réseaux de trafic de drogue (350 kg saisis) qui sont tombés, 57 armes récupérées, 9 voitures maquillées saisies et 14 réseaux constitués en associations de malfaiteurs débusqués. Un travail colossal qui renseigne sur la vigilance des gendarmes qui traquent sans relâche les fraudeurs, les criminels, les délinquants et les narcotrafiquants associés aux multiples ramifications de la malfaisance qui ne lâchent pas prise devant les dispositifs de dissuasion. Le point nodal des offensives étant de sécuriser le citoyen et le maintien de l'ordre public en général, les gendarmes multiplient les points de contrôle et de surveillance, se déploient sur le terrain du renseignement avant d'engager de gros moyens pour déloger ces criminels et déjouer des opérations arbalétrières dès qu'il s'agit du crime organisé. Des assauts cadrés aux portes de l'Atlas Il est 17h. Les compagnies donnent l'assaut sur des noyaux ciblés. Les Aurès qui renouent avec le froid et la pluie ne dissuadent pas pour autant les gendarmes à aller vers ces malfrats, surtout qu'ils détiennent des preuves tangibles, des jugements de justice et des mandats de perquisition leur permettant d'opérer. Le premier coup de filet sera opéré à Segana, dans la localité d'Aïn Touta, à 35 km de Batna. Dans cette maison aux apparences anodines, qui donne par ailleurs sur les RN3 et 28, se cachent deux trafiquants de boissons alcoolisées, dont des bouteilles de liqueurs frelatées. Le bilan provisoire, au deuxième jour de l'opération, plus exactement à 10h, montrera la cadence et le mouvement des personnes recherchées et des trafiquants de tous genres. Pour preuve, sur les 365 identifications effectuées, 7 personnes activement traquées par la justice et les gendarmes sont débusquées, dont 3 faisaient l'objet d'une recherche par les gendarmes qui avaient entre les mains des mandats de justice. Sur cet axe reliant les Aurès à l'Atlas, les hommes en vert enregistrent également, en moins de 18 heures, 96 opérations de contrôle de véhicules et qui aboutissent à la saisie de 4 moyens de locomotion, dont 3 maquillés et 1 autre volé, avec en sus à son bord deux moteurs de bétonnières subtilisés. L'escadron de sécurité routière (ESR) a, lui aussi, sa propre moisson, sur les 445 opérations menées dans la nuit de mercredi à jeudi, avec notamment 89 retraits de permis de conduire. Le colonel Lalmas, au même titre que le commandant Ghlamallah, est formel : Batna constitue l'un des points de chute des trafiquants à l'est du pays au vu de sa proximité géographique. C'est que les localités de Ngaous, Merouana, Barika et Timgad sont aussi concernées par cette descente inscrite dans le registre de la lutte contre la criminalité globale. Et pour mener à terme une telle opération, le patron du GGN de Batna, le colonel Lalmas, a mobilisé, en plus des 530 gendarmes, 4 unités d'élite, à savoir les Sections de sécurité et d'intervention (SSI) du groupement d'Aïn Yagout, 122 véhicules, 35 motocycles, 3 chiens de police pour la détection de drogues ou d'explosifs et des outils de radar pour surprendre les chauffards. des fugitifs et des receleurs arrêtés et des armes récupérées Le bilan s'alourdira au fur et à mesure que les gendarmes changent de cap. Le renseignement évolue aussi en fonction des parades approuvées sur des cibles en circulation identifiées. L'identification atteindra, la soirée de jeudi (aux environs de 19h), les 827 personnes, dont 25 individus sont recherchés par la justice. Parmi eux figurent 3 cas faisant l'objet d'arrestation, 9 cas de mandats d'amener, 12 cas ayant été condamnés à la prison et 1 autre cas qui devra se présenter à la barre pour les faits qui lui sont reprochés. L'identification de véhicules en circulation connaîtra également une sensible hausse avec 213 moyens de locomotion, dont 5 saisis. Les gendarmes qui ont renforcé, notamment dans l'après-midi de la même journée, les points de contrôle ont récupéré près de 600 cartouches de cigarettes de fabrication locale, plus de 30 téléphones portables avec leurs accessoires acheminés sans facture, en plus du véhicule immobilisé et saisi des produits cosmétiques, dont 260 bouteilles de parfum et le moyen de transport, 4 armes blanches et 3 engins lourds. Ces engins, expliquent le colonel Abderrahmane Ayoub, chargé de la communication au CGN et le colonel Lalmas du GGN de Batna, font partie d'une “saisie fictive”, c'est-à-dire d'une immobilisation des 3 engins sans papiers sur le lieu de leur identification et la responsabilisation du propriétaire des lieux où l'opération a eu lieu. S'agirait-il d'un recel ? “Seule l'enquête déterminera si la personne incriminée est concernée par les faits constatés”, explique encore le colonel Lalmas. Celui-ci révèle, en outre, qu'une enquête est également ouverte pour déterminer l'origine de 10 cartes grises de différents véhicules et saisies sur la même personne. Autrement dit, l'usage de faux et/ou le trafic de documents administratifs pourrait faire l'objet d'investigations poussées dans les tous prochains jours. Conjointement, l'ESR a fructifié sa présence sur le terrain pour enregistrer, à la fin de cette vaste opération, 1 228 contraventions et délits, 155 retraits de permis de conduire, soit une hausse de 90% des cas en 12 heures de temps ! L'opération terminée, le patron du GGN nous invitera à une exhibition des troupes de SSI au Groupement d'intervention et de réserve (GIR) d'Aïn Yagout d'où ces élites avaient été déployées pour une offensive qui a connu un succès sur le double plan des saisies et des arrestations.