Un calme précaire régnait hier matin au village d'El-Ançor (daïra de Aïn El-Turck), et ce, au lendemain du déclenchement des émeutes violentes ayant opposé les forces de sécurité à des centaines de jeunes. Ces affrontements, qui ont fait plus d'une trentaine de blessés du côté des manifestants, dont plusieurs sont dans un état grave, ainsi qu'une vingtaine d'arrestations opérées par la gendarmerie, avaient débuté la matinée de mardi pour se poursuivre durant une bonne partie de la nuit. Ces manifestations sont survenues alors que depuis le début de la semaine, des citoyens organisaient un sit-in pacifique avec des banderoles et des tentes qu'ils avaient dressées à l'entrée de la carrière d'agrégats, située à proximité de leur village et exploitée depuis peu par une société turque. Un sit-in qui visait la fermeture de cette carrière. La société turque a vu ainsi plusieurs de ses engins brûlés et ses employés blessés dont l'un grièvement. Pourtant, durant le sit-in, aucun geste d'agressivité n'avait visé ces derniers, comme ont témoigné des habitants. Ceux-ci, qui disent comprendre la réaction des manifestants, expliquent que depuis des années, ils ont sollicité les autorités locales, les alertant sur les graves problèmes subis par la population d'El-Ançor à cause de l'exploitation intempestive de la carrière : les murs de leur maison sont fissurés à cause de l'utilisation de la dynamite, les poussières dégagées par la carrière empoisonnent le voisinage et sont la cause de nombreuses maladies respiratoires et de la peau des habitants de la région, les camions qui vont et viennent sans cesse augmentent les nuisances sonores devenues insupportables ainsi que les risques d'accidents… Alors que plusieurs rapports confirmaient le non-respect des mesures de protection de l'environnement et autres normes en vigueur pour l'exploitation de la carrière, les citoyens d'El-Ançor ont assisté à l'intensification de son exploitation. Hier, le P/APC de cette commune avouait en aparté qu'il a été de tout temps pour la fermeture de la carrière. D'autres voix expliquent que ce dossier était géré en haut lieu. Hier, les forces de la gendarmerie étaient encore très présentes et positionnées aux abords des édifices publics.