Le syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal vient, une fois encore, de dénoncer une nouvelle affaire de malversation dans laquelle est impliquée la GSW, cette société indienne sous-traitante des approvisionnements en déchets ferreux et non ferreux du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. L'objet du scandale se rapporte cette fois au recrutement cumulé, depuis l'année 2003, de 500 expatriés indiens prétendument en qualité de techniciens et d'ingénieurs spécialisés dans les métiers rares de la métallurgie, alors qu'en réalité ceux-ci n'étaient utilisés que pour des tâches secondaires. Selon le syndicat, tous les prétendus cadres expatriés qui ont été recrutés par roulement durant les six dernières années n'étaient en fait que de simples mécaniciens diésélistes, des soudeurs sans qualification particulière, des vulcanisateurs ou des chauffeurs s'ils n'étaient pas affectés à des postes de cuisiniers ou de gardiens. “Cette pratique contraire à la réglementation algérienne en matière d'emploi de la main-d'œuvre étrangère est d'autant plus préjudiciable qu'elle a permis à l'employeur indien GSW de rétribuer grassement ses faux cadres et de procéder en toute légalité au transfert d'importantes sommes en devises à ce titre”, déclarait, hier, le secrétaire général du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal. Ce dernier affirme que les preuves de cette fraude ont été récupérées au niveau du siège technique de la société indienne sous-traitante et qu'elles seront mises à la disposition de la justice algérienne. Smaïn Kouadria affirme que les contrats de travail ont été accordés à tous les expatriés durant la période de 2003 à nos jours, avec la complicité de la Direction de l'emploi de la wilaya de Annaba, dont les responsables n'auraient jamais effectué de contrôle pour s'assurer que les clauses qu'ils comportent sont respectées par la société GSW. Le syndicaliste n'y va pas de main morte en assurant que les fonctionnaires de la Direction locale de l'emploi auteurs des “omissions”, qui ont profité aux expatriés fraudeurs, recevaient régulièrement des pots-de-vin. Kouadria ajoutera que les preuves étayant ses accusations sont disponibles également. De même qu'il dévoilera que la société indienne accordait des avantages financiers tels que des congés non pris et rétribués doublement à son principal responsable de l'administration, un certain M. S. Ceci en contradiction avec la réglementation algérienne, en infraction notamment de la loi 90/11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail modifiée et complétée, et ses articles 39 et suivants, précisera-t-il. Le brûlot qu'a adressé le syndicat d'entreprise à la presse contient des accusations autrement plus graves. Il y est écrit que tous les bilans comptables et financiers présentés par la société GSW depuis son installation à El-Hadjar ont toujours été entachés d'irrégularités et qu'aucune commission d'inventaire n'a jamais été installée pour évaluer les stocks de matières premières utilisés, des consommables et des pièces de rechange, pas plus que les encours et les produits finis. Une anarchie entretenue afin de permettre aux gestionnaires de cette société de maquiller les chiffres d'affaires mensuels communiqués par le responsable de l'administration cité plus haut. La plupart des travaux réalisés dans ce contexte trouble n'auraient jamais été déclarés, ajoutent les signataires de la lettre de dénonciation. Enfonçant le clou pour conclure, les syndicalistes disent détenir des preuves sur l'existence d'une “caisse noire” mise par la GSW à la disposition du dénommé M. S., encore lui, et que ce dernier utilisait pour la location clandestine d'engins et de matériel roulant et pour “arroser” certaines personnes que lui désignait, semble-t-il, sa direction. L'affaire de la société sous-traitante indienne, telle qu'elle se présente, aura forcément des conséquences, comme cela est advenu après que le syndicat d'ArcelorMittal a dévoilé un premier scandale ayant trait à l'approvisionnement fictif du complexe en métaux ferreux de récupération.