Un autre discours haineux est né basé sur “l'islamophobie” et “l'arabophobie”. Trois événements fondamentaux : l'Irak, l'Afghanistan, puis le 11 septembre 2001, exotiques sont devenus le socle d'une nouvelle culture de la peur. Des nouvelles formes de violences, des nouvelles formes de colonisation, des nouvelles formes d'extrémismes et djihadismes sont nées. Une nouvelle culture du sang a vu le jour. Sur le plan culturel, le renforcement et le soutien à une nouvelle politique d'apprentissage des langues étrangères, dans le Nord comme dans le Sud, demeureront une piste essentielle pour instaurer un dialogue solide entre les cultures et les intellectuels. L'enseignement des langues étrangères dissipe la peur et fait reculer “l'intellophobie” et la haine culturelle. Mais, la peur a atteint les enseignements des langues, ainsi nous assistons à une grande régression dans le niveau d'enseignement des langues, dans le Sud comme dans le Nord. Je me demande pourquoi cette absence, cette négligence de l'enseignement de la langue arabe, du persan, de tamazight dans les universités et les lycées du Nord ? Comment interpréter le niveau catastrophique, le désintéressement et le refus exprimés par les étudiants envers les langues étrangères, dans les universités du Sud ?Sans l'enseignement fiable et moderne des langues étrangères, dans le Sud comme dans le Nord, la traduction recule et le dialogue de sourds entre les intellectuels perdure. La France traduit annuellement autour de 50 000 titres, sans doute c'est une réalisation livresque satisfaite, mais le pourcentage des livres traduits de l'arabe est inquiétant. Alarmant ! Il ne dépasse pas le seuil de 50 (cinquante) titres par an. Cette peur de l'autre, un autre sans traits, a créé un refus des langues étrangères : récemment, en Algérie, une polémique stérile marquée par un débat haineux est déclenchée dans les milieux universitaires, médiatiques et politiques à cause d'une décision prise par les responsables de l'université islamique Emir-Abdelkader de Constantine, concernant le choix de l'enseignement de la langue hébraïque. Certes, pour faire reculer la peur intellectuelle, il faut faire avancer la paix juste, et la question palestinienne demeure sans issue. Et pour barrer la route à la culture de la peur, et afin de peser sur le politique, la création d'un lobby libre d'intellectuels méditerranéens, me paraît une nécessité historique urgente. Et pour consolider les ponts du dialogue des cultures, nous appelons à une libre circulation des livres et des produits culturels, une libre circulation des acteurs de la culture et nous appelons aussi à l'établissement d'un agenda culturel commun et durable, capable de regrouper l'intelligentsia des deux côtés. A.Z [email protected])