Une exposition qui dénote par le format des toiles (grandeur nature), mais surtout par le choix des couleurs : le rouge et le noir. Deux couleurs qui vont de pair, qui constituent une harmonie visuelle, d'une beauté sublimissime, même si, souvent, elles agressent. Sur une superficie complètement couverte de noir, le rouge vient s'incruster par touches furtives, biens qu'elles soient appuyées, mais surtout éparses, agrémentant ou ornant l'œuvre tel un rubis dans son écrin de velours noir ! Déjà, au premier regard, on ressent une certain mal-être qui se dégage des toiles exposées. Une tristesse qui capte notre attention, racole notre regard, ou plutôt le transperce. Elles racontent une histoire. Pas entière, un pan. Celle du plasticien Pierre Fava. Elles nous livrent ses peines, ses malheurs, son enfance qui n'a pas été dorée. Maltraité, pas du tout gâté par la vie, Fava a trouvé refuge dans la peinture. Autodidacte, il peint depuis l'âge de 22 ans, mais cela fait quatre ans qu'il en a fait son métier. Le déclic est venu comme ça, par hasard. “Pour mes 22 ans, on m'avait offert une toile avec de la peinture”, confiera-t-il. Son inspiration : la violence au quotidien. “Je suis un révolté. Je me nourris de la bêtise humaine!”, dira-t-il. Depuis ce jour, il n'a pas arrêté de peindre. Il transpose cette angoisse, cette peur qu'il a tellement enfouies. Se lâchant, il trouve du réconfort, un apaisement, une certaine sérénité intérieure. Si Pierre Fava a opté pour le noir et le rouge, c'est en référence à un vécu, un passé douloureux. Le noir exprime “le sentiment que j'ai” et le rouge, c'est “la violence en moi, [c'est] l'amour et la haine !” Deux sentiments ambigus, contradictoires, mais ô combien inséparables. Ils flirtent ensemble. À voir cette exposition, c'est “le rouge et le noir” de Stendhal qui nous interpelle. Mais c'est aussi cette chanson française qui dit : “En rouge et noir, j'exilerai ma peur, j'irai plus haut que ces montagnes de douleur…” Il utilise une technique qui lui est propre : brosse à laiton et barre de mine (en fer). Les brosses permettent de créer les stries et les barres, une sorte de trait ou de séparation. Les œuvres sont à voir sous tous les angles possibles. L'interprétation diffère selon l'endroit où l'on se trouve ; l'éclairage y joue un rôle très important : de la lumière et de la brillance pour plus d'éclat. Malgré la violence des tableaux, cet artiste peintre trentenaire nous fait partager son amour pour le noir. *“Lumière sur le noir” de Pierre Fava, jusqu'au 26 novembre 2009, au Centre culturel français d'Alger.