Alors que les syndicats attendent une réponse de la part du gouvernement, le ministère de tutelle a envoyé une circulaire aux établissements scolaires menaçant les grévistes de sanctions et de ponction sur salaire. La contestation prend de l'ampleur. Hier encore, ils étaient plus nombreux à débrayer et à paralyser les établissements scolaires à travers le territoire national. Ils sont au total six syndicats autonomes, à savoir l'Unpef, le Satef, le Cnapest, le Snapap, le Snapest et le CLA à occuper le terrain. Ils parlent d'un taux de participation jamais égalé depuis le mouvement de contestation de l'année 2003. “Aucun mouvement de protestation n'a réalisé un taux de suivi aussi important. C'est un ras-de marée, le secteur de l'éducation nationale est complètement paralysé et cela va se poursuivre tant que le gouvernement ne fera pas un geste d'apaisement”, a déclaré Idir Achour, représentant du Conseil des lycées d'Algérie. Tout en étant satisfait d'un tel suivi, ce dernier a dénoncé les pressions et les dépassements émanant de la tutelle. Le ministre de l'Education nationale a adressé hier une circulaire à tous les établissements scolaires menaçant les enseignants de ponction sur salaire et de sanctionner les grévistes. Cette décision n'a pas ébranlé la détermination des professeurs d'aller jusqu'au bout de leur contestation, et ce, en dépit des conséquences que peut causer la grève. “Intimidations et menaces, c'est ce que nous propose le gouvernement comme solution pour éviter le pourrissement. Nous avons trop attendu, nos revendications sont légitimes et nous ne ferons pas marche arrière. C'est au gouvernement à lui seul d'assumer les conséquences d'un tel débrayage”, a précisé M. Idir. Même écho du côté du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). Il estime que les menaces de l'administration ne diminueront en rien la volonté des enseignants à aller jusqu'au bout de leur action. “Etant affiliés à plusieurs syndicats, les enseignants se sont unifiés pour aller en rangs serrés et vaincre leur peur de représailles”, a souligné M. Boudiba, chargé de communication au Cnapest. Les syndicalistes expliquent que les enseignants, désabusés par les promesses non tenues du gouvernement et fatigués par les dures conditions socioprofessionnelles auxquelles ils sont confrontés, ont répondu massivement au mot d'ordre de grève. “La circulaire du Premier ministre, qui a annulé l'effet rétroactif des indemnités, a pénalisé les enseignants qui n'ont pas tardé à exprimer leur mécontentement en allant vers une grève ouverte largement suivie à l'échelle nationale”, ne cessent de marteler les enseignants. Une virée dans certains établissements scolaires à Alger nous a permis de vérifier le suivi de la grève. Aux abords des établissements, à défaut de rencontrer des élèves attendant de rentrer en classe, on pouvait observer, ici et là, de petits groupes épars, discutant de tout et de rien. Néanmoins, les parents d'élèves commencent à s'inquiéter de l'ampleur que prend ce mouvement de contestation. Ils craignent que le mouvement ne dure dans le temps, même s'ils soutiennent les enseignants.