La nouvelle a vite fait le tour de la ville, grâce au bouche à oreille, et à chaque fois, un peu plus déformée, davantage dramatisée avec toujours des noms de joueurs différents et des situations invraisemblables. “On a tabassé nos joueurs”, “Lamouchia, Gaouaoui, Bougherra sont gravement touchés”, le sujet était un dans la soirée du jeudi et les avis unanimes à condamner l'agression dont a été victime l'équipe nationale. Oran, comme toutes les autres villes de l'Ouest, n'a pas échappé à la règle générale et dès l'annonce de l'information, des cortèges se sont formés au niveau du centre-ville, rendant la circulation plus difficile qu'elle ne l'était déjà. La ville drapée dans les couleurs nationales n'avait qu'un sujet sur toutes les lèvres. Le “caillassage” du bus des Verts a été abondamment commenté sur toutes les places fortes d'Oran et un sentiment général de crainte, de révolte et de fierté vis-à-vis des supporters qui se sont déplacés jusqu'au Caire a fait veiller les oranais plus que d'habitude. Ce sentiment n'était pas seulement l'apanage des “moustaches”, mais les femmes ont également exprimé leur ressentiment devant ce qui s'est passé. Hier, la rue attendait fiévreusement des nouvelles d'Egypte et plus précisément les décisions de l'instance footballistique internationale sur l'éventualité de délocaliser ou de faire jouer le match à huis clos. “Cela serait vraiment merveilleux”, dira Kader, fervent “socios” de l'EN. Certaines voix se sont élevées pour appeler à la vengeance, alors que beaucoup de commerçants ont d'ores et déjà décidé de baisser rideau le jour du match. On craint particulièrement la réaction de la rue si la qualification au mondial n'était pas au bout de la route. Dans les autres villes de l'ouest, la même réaction a été enregistrée même si à Sidi Bel-Abbès ou à Chlef, les gens ne sont pas sortis dans les rues. À Tiaret, on a noté la présence de quelques cortèges qui se sont formés en guise de soutien à l'équipe nationale. “Tout le monde est branché sur les médias étrangers pour avoir les dernières nouvelles”, nous confirmera le correspondant de Liberté sur place. Tlemcen n'a pas été en reste puisque l'information a été commentée depuis sa tombée et les gens sont sortis pour en discuter dans les cafés, sur les places publiques en formant de véritables halqate.