La salle des fêtes El-Kahina de Boghni, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, a abrité, avant-hier, le congrès de section du FFS. Quelque deux cent personnes venues des localités environnantes, dont les P/APC FFS, ainsi que les militants ont suivi avec attention l'intervention du premier secrétaire du parti de Hocine Aït Ahmed, en la personne de M. Karim Tabbou. Après une minute de silence et l'intervention du secrétaire fédéral, le conférencier est monté sur le podium où il a décortiqué la politique générale actuelle du pays. En premier lieu, il fait remarquer à l'assistance que le pouvoir en place a politisé le sport, allusion faite au match Egypte-Algérie, mais sans arriver à se placer dans les institutions telles que la CAF ou autres où, par exemple, l'Egypte demeure le seul représentant dans les conflits régionaux et l'interlocuteur important dans les conflits. Enchaînant avec cet événement sportif, il avoue que ni la politique de l'autonomie de la Kabylie ni celle de dresser les régions les unes contre les autres n'ont pu avoir le dessus sur l'appartenance de la Kabylie au pays. “C'est un mouvement de solidarité nationale et les Kabyles se reconnaissent dans cette dynamique en dehors de ce que veut leur faire imposer le pouvoir”, martèle-t-il plusieurs fois. M. Karim Tabbou indique, par ailleurs, que la situation est alarmante car tous les signaux sont au rouge. “Nous ne voulons pas que notre pays fasse de telles aventures. Nos concitoyens n'arrivent plus à supporter le poids de toutes les inégalités : injustice, marasme social…”, insiste-t-il. Avant de revenir sur ce qu'il appelle “la grande salle d'attente où des Algériens sont parqués et attendent, qui un logement, qui un emploi tout en essayant d'avoir des soutiens au sein du système”. En ce qui concerne les libertés, il considère que tous les espaces sont fermés. La preuve, dit-il, est que le nombre de salles des fêtes dépasse de loin celui des salles de réunion. Dans ce même ordre d'idées, il signale que le pouvoir ne donne aucune chance aux citoyens de s'organiser et de discuter de leurs problèmes. À Ghardaïa, explique-t-il, la situation est grave à tel point que des militants du FFS sont persécutés de partout si bien que l'un d'eux risque des années de prison. “Comment voulez-vous qu'un militant comme ce médecin soit traité de la sorte alors que des P/APC qui ont répondu à l'invitation du chef de l'Etat et l'ont applaudi ne soient pas sanctionnés. Nous ne sommes pas du même parti ?” s'interroge-t-il. Au sujet de la presse, il fait savoir à l'assistance que c'est un pilier de la démocratie mais, malheureusement, elle tente de casser tous les espaces démocratiques. Abordant l'aspect sécuritaire, notamment en Kabylie, le premier secrétaire du parti avertit sur le retour aux années 1994 et 95 où le pouvoir a installé des milices sous prétexte de défendre la région. “Actuellement, il y a des villages où le couvre-feu est installé de fait dès dix-huit heures en raison de la terreur qui y plane ainsi que l'insécurité”, note-t-il tout en avançant que c'est la région où il y a le déploiement d'un important dispositif de sécurité. L'autre module évoqué par l'orateur est la volonté du pouvoir d'infiltrer la Kabylie par la religion. “Prendre en charge les zaouïas est une bonne chose. Mais y injecter tant de milliards de centimes alors que les APC n'ont droit qu'à deux milliards de centimes par an pour prendre en charge les problèmes de citoyens est une chose anormale”, juge-t-il. Karim Tabbou n'a pas omis d'évoquer les prochaines échéances électorales. “Même si on voit que 2012 est loin, chez nous au FFS, il est temps de préparer ces rendez-vous dans la sérénité et dans le choix des hommes”, souligne-t-il sans pour autant trancher la participation aux sénatoriales mais tout en répondant de manière claire qu'“il n'est pas facile d'être dans la jungle”. Et de conclure que le parti a fait ses choix. “Au FFS, nous avons passé un contrat avec la population, nous ne devons pas trahir le combat de nos aînés. Il est temps de se regarder dans le miroir et d'évaluer les vingt ans de combat de notre génération. Il est aussi temps pour nous de renégocier ce contrat avec la population car le FFS est la rue et non dans les sièges”, termine-t-il cette intervention.