Sempiternellement louée, la nouba de la fraternité algéro-égyptienne jusque-là portée par les différents relais du pays des Pharaons ne semble plus faire recette. La muse chère à ceux qui profitent obséquieusement des largesses de notre merveilleux pays connaît, en effet, des altérations à tout le moins lourdes de conséquences. Livrés à leur égocentrisme et au seul souci de se faire délivrer des attestations d'allégeance, certains de nos responsables donnent l'impression de se complaire dans une situation caractérisée le plus souvent par le mimétisme et le seul désir de paraître, à l'occasion de manifestations officielles, notamment culturelles où quelques fragments des siècles d'or du Monde arabe sont outrageusement pervertis par d'écœurantes gloutonneries jouées le plus souvent en ut majeur. Le dernier Festival arabe du cinéma d'Oran en est l'illustration la plus criarde en ce que pas moins de 150 artistes et journalistes égyptiens y ont pris part à la faveur d'un pont généreusement déployé sur le dos du contribuable algérien. Un compatriote sera durement malmené, peu de temps après, victime d'une négation qui ne dit pas son nom sans que ses mêmes invités de marque n'y opposent ne serait-ce qu'une timide indignation quand ils n'ont pas hésité à vouer aux gémonies tout un peuple. Miracle algérien, serions-nous tentés d'écrire à l'issue des douloureux événements qui ont eu pour cadre une capitale, Al Kahira pour ne pas la désigner, édifiée pourtant par nos ancêtres fatimides. Une ville où jamais, au grand jamais, les Algériens n'ont été aussi brutalisés, voire humiliés par des Egyptiens qui ont donné la pleine mesure de leur sous-développement, de leur acculturation et de leur incroyable mépris des règles les plus élémentaires en matière d'hospitalité et de fraternité. Alors que leur équipe nationale a été sportivement accueillie à Blida avec des roses et la sollicitude de tout un peuple qui n'a pas oublié que l'Egypte nassérienne avait été à ses côtés au moment où il décida d'imposer une guerre révolutionnaire à la caste coloniale française et dont la terre a été immortalisée à jamais par le cinéaste Youssef Chahine dans le cadre d'une trilogie cinématographique subventionnée grandement par le trésor public algérien. Le miracle est, à l'évidence, algérien surtout lorsque la mauvaise fortune qui a été imposée à l'équipe nationale avec la complicité de la Fifa a servi de socle à la résurrection de l'unité d'action des enfants de notre merveilleux pays, à la réémergence de patriotes avisés qui pensent qu'il est temps d'opter pour une redéfinition des rapports politiques, économiques et culturels entretenus jusque-là avec certains Etats. Après la somptueuse victoire de Khartoum, ils sont encore nombreux à soutenir que l'Etat doit favoriser la création d'un véritable environnement de collaboration qui met en avant et recommande la mise en place de nouveaux modèles et de nouvelles stratégies qui encouragent l'expression de valeurs et d'identité face aux tendances agressives qui mercantilisent et politisent le sport et la culture. Cette revendication légitime de tout un peuple doit être envisagée comme la base indispensable de la construction et de la consolidation de nouveaux rapports appelés à restaurer dans leur droit les capacités créatives des meilleurs enfants de ce pays. Capacités du reste merveilleusement illustrées par des créations artistiques et culturelles, certes inégales mais dont le mérite singulier renseigne sur l'état d'esprit d'une jeunesse qui a rappelé son attachement irréfragable aux symboles de la Révolution nationale algérienne et à la mémoire de ceux qui ont fait les frais de l'hystérie égyptienne. Je veux parler de ces glorieux Chouhada qui se sont rappelés au bon souvenir d'une jeunesse plus patriotique que jamais et qui a démontré, à l'évidence, qu'elle n'a pas une patrie de rechange. A. M. [email protected]