Il ne manquait plus que lui. L'incontournable guide de la Révolution libyenne, Mouammar Al-Kadhafi, veut jouer au médiateur entre le Caire et Alger. ll L'après-Khartoum prend des allures de feuilleton diplomatique. Al-Kadhafi, qui ne rate jamais une occasion de se distinguer, s'est donné une mission d'apaiser la tension entre l'Egypte et l'Algérie après la crise diplomatique qui a pris forme ces derniers jours. À la décharge d'Al-Kadhafi cette mission lui a été demandée par le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Amr Moussa que le leader libyen a accepté comme l'annonce l'agence libyenne Jana. “Le Guide de la Révolution, président de l'Union africaine (UA), va travailler pour combler le fossé qui s'est creusé entre l'Egypte et l'Algérie à la suite de la récente rencontre de football entre les sélections des deux pays.” Cette intervention pose toutefois un certain nombre d'interrogations. D'abord, sur la demande elle-même. Elle émane du compagnon de route de Hosni Moubarak, son lieutenant fidèle, Amr Moussa, qui profite de sa position au sein de la Ligue arabe pour tenter de recoller les morceaux entre Alger et le Caire. La proposition faite au leader libyen est troublante et constitue une porte de sortie honorable au président égyptien. En effet, si la médiation est portée par l'Union africaine et la Ligue arabe, elle n'entache pas Moubarak qui veut, en sous-main, rétablir le dialogue avec Alger. Moubarak ne perdra pas la face devant son opinion publique surtout qu'elle est chauffée à blanc par ses propres médias. Ensuite, le choix d'Al-Kadhafi est assez cocasse. On aurait pu penser, un instant, qu'en cas de médiation c'est le président tunisien qui aurait le profil idéal par sa sagesse et son sens du dialogue en lieu et place d'un leader libyen qui est un artisan invétéré de tous les mauvais coups diplomatiques dans cette région. Son rôle trouble au Sahel et avec les Touaregs ne font pas de lui un médiateur au-dessus de tout soupçon surtout que la Libye adore les médiations qui la sortent de son isolement diplomatique. Enfin, et c'est certainement le plus important, Alger n'a pas besoin de médiation. En quoi l'Algérie pourrait se sentir concernée par l'hystérie collective égyptienne alors qu'elle n'a en rien agressé le Caire ? C'est plutôt l'inverse. La sérénité du pouvoir algérien en dit long sur le fait qu'il n'y a pas officiellement de crise ouverte avec le Caire, quoiqu'en pense Moubarak et ses porte-voix. Donc, Al-Kadhafi, et l'inspirateur de la médiation, Amr Moussa, pourraient se voir signifier une fin de non-recevoir à Alger dans le sens où l'hostilité égyptienne est unilatérale.