La pilule est dure à avaler pour les Egyptiens qui n'arrivent toujours pas à accepter leur défaite sportive contre l'équipe nationale. Insultes, agressions et outrages aux symboles algériens sont devenus le quotidien des Egyptiens qui se sont lancés dans une haine aveugle contre nos concitoyens résidant au pays des pharaons. L'un est assis sur une chaise roulante, le bras noué dans une écharpe autour du cou, alors que l'autre avait le visage complètement défiguré par les boursouflures suite à des coups de poing. C'est ainsi que les deux étudiants d'Alexandrie sont arrivés mercredi dernier à l'aéroport international Houari-Boumediene. Cela fait plus de dix jours que l'Algérie a été qualifiée au Mondial et l'escalade de haine — prêchée par la campagne médiatique — contre les Algériens continue. Chaque jour son lot de blessés et de témoignages venu d'Egypte. Des récits choquants et désolants qui donnent froid dans le dos et suscitent de l'inquiétude pour ceux qui sont encore bloqués dans de nombreuses villes égyptiennes et qui n'ont pas encore trouvé de place sur la compagnie aérienne nationale. Les témoignages s'accordent tous à dire que “l'Egypte est devenue un pays dangereux pour nos compatriotes. C'est la chasse à l'Algérien depuis le match de qualification au Mondial”. Désormais, les Algériens sont considérés comme “persona non grata” au pays des pharaons. Dans un courriel adressé à notre rédaction le 26 novembre dernier, un collectif d'étudiants en postgraduation demande une intervention d'évacuation urgente des universitaires algériens bloqués dans la ville d'Alexandrie. Ils ont également exprimé leur peur et détresse au quotidien. “Franchement, nous ne savons pas comment rédiger cette demande d'intervention et à qui l'adresser. Nous sommes des étudiants venus dans le cadre d'une coopération interuniversitaire Algérie-Egypte et nous sommes bloqués dans la ville d'Alexandrie depuis plusieurs jours. La peur nous ronge de jour comme de nuit. Nos dossiers universitaires sont bloqués dans toutes les universités égyptiennes avec une décision de nous suspendre jusqu'à nouvel ordre. Nous n'avons pas droit d'accéder à nos facultés ni d'assister aux cours. D'ailleurs, nous ne pouvons même pas sortir faire nos courses car les commerçants refusent de nous vendre quoi que ce soit. Insultes, humiliations et agressions physiques au quotidien. Nous ne savons même pas à qui demander de l'aide pour nous sécuriser et nous rapatrier (…) Cette lettre est adressée au premier magistrat du pays ainsi qu'au gouvernement algérien pour intervenir et faire quelque chose avant que cela ne soit trop tard car la vie de 35 étudiants en dépend. Agissez vite et faites cesser cette haine contre les Algériens (…)”, peut-on lire dans ce courriel signé par les 35 étudiants d'Alexandrie. Du côté du gouvernement algérien, Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères a déclaré jeudi dernier — en marge des entretiens accordés au général William E. Ward, représentant du commandement militaire américain pour l'Afrique — que “l'Algérie assume sa responsabilité pleine et entière à l'égard de sa communauté établie à l'étranger. Nous préférons travailler sur le terrain pour protéger notre communauté, notamment celle qui nécessite une attention particulière dans certaines régions”. Evoquant la situation des résidents algériens en Egypte, le ministre des Affaires étrangères a précisé qu'“une attention particulière s'oriente aujourd'hui vers nos frères en Egypte, étudiants, résidents et familles mixtes algéro-égyptiennes auxquels nous devons prêter toute l'aide et l'assistance dont ils ont besoin”. Il a souhaité, également, que “cette situation douloureuse puisse être évaluée à juste titre afin que nous puissions construire un avenir meilleur”, a-t-il conclu. Abondant dans le même sens, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), pour sa part, a dénoncé la campagne de dénigrement égyptien contre l'Algérie et — rappelons-le — a demandé au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre aux enseignants et étudiants algériens, bloqués en Egypte, d'être rapatriés dans les meilleures conditions.